22 ! Les v'là !

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Paraissait-il qu'à Amishawa, il y avait de quoi faire la fête ... Non pas qu'il avait spécialement envie de faire la fête, mais déjà boire un coup semblait être une bonne option. Il était tard dans la soirée, et Nancy avait beaucoup de travail, aussi il ne préférait pas la déranger alors qu'elle bossait. Et puis, cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas pris un peu de temps pour lui, aller boire un petit bourbon en ville, essayer de se faire quelques potes. Enfin, pour les potes il savait pas trop. Plus il passait de temps dans l'ombre, mieux il se sentait. Alors voilà ... En vérité, Hector savait pas trop comment il s'était retrouvé dans ce bar, "The Secret" ... C'était un nom franchement à chier, il n'y avait pas à dire, surtout qu'il était tout sauf secret ce bar s'il avait réussi à poser son derche dedans. En plus, il eut réussi à avoir un problème pour commander une bouteille de bourbon ... Pas de thunes, non ça allait, le boulot était facile à trouver dans cette île, mais d'identité. On ne servait que ceux qui avaient plus de 20 ans, et visiblement Hector faisait vachement jeune. Même après avoir montré ses papiers à la serveuse, mignonne, mais franchement conne, il fallut attendre trente minutes pour que le patron bouge son cul et accepte enfin de lui donner sa bouteille. Bon il avait eu une belle remise, ça allait encore ... Petit geste commercial, c'était le moins que l'on puisse faire pour ça.

Une petite demie-heure passa, et il s'enivrait tout seul comme un con au bar, à boire son bourbon, verre après verre, et cigare après cigare. Il avait cependant sympathisé avec une minote, qui semblait franchement pas avoir l'âge requis pour picoler, et qui semblait le trouver mignon. En d'autres circonstances, il aurait sauté à pieds joints sur l'occasion de passer une bonne nuit, mais il l'envoya gentiment balader, son coeur soupirant déjà pour quelqu'un. Il se demanda alors ce qu'elle pouvait bien faire. Etait elle au lit ? Finissait elle de corriger quelque devoir ? Il n'en savait rien ... La gamine, de son coté revenait à la charge.

- Alors beau brun ? T'as l'air perdu dans tes pensées.

- Hmm ? Ah ouais, j'pense à ma copine en fait là.

- Ah ... Mais sinon t'es dispo ce soir ?

Purée mais elle voulait pas comprendre qu'il n'était pas dispo ... Elle commençait sérieusement à lui taper sur le système en vérité. Si bien qu'il attrapa sa bouteille encore à moitié pleine, la fourra dans sa besace, et plia bagages.

- Hé mais t'es parti où ?

- Bon, écoute la mioche, t'es mignonne, mais je vais pas le répéter trente fois. J'suis pas intéressé par un plan cul, ni ce soir, ni jamais. J'ai quelqu'un dans ma vie, et j'suis fidèle, pigé ?

Elle resta pantoise devant lui. Hector leva les yeux au ciel et passa la porte de sortie du bar. A peine eut il dépassé le néon de l'entrée, qu'il entendit des éclats de voix venant d'un groupe de jeunes de la droite. En quelques secondes, une rixe éclata. La violence était perceptible, et les videurs, bien que foutus comme des gorilles peinaient à contenir la débâcle qui se déroulait devant l'établissement. Hector ne savait pas trop où se mettre, et regarda autour de lui, se demandant quelle réaction il devait avoir. Son interrogation fut coupée par une cabine téléphonique, faisant son apparition dans son champ de vision. Il s'y précipita, et par réflexe, composa le 911. Il n'eut qu'à peine le temps de se demander si ce n'était pas stupide, car il n'était plus aux Etats-Unis désormais, et que ce numéro ne servait peut être à rien, mais une jeune femme décrocha, et prit ainsi son appel.

- Allô ? Ouais j'voudrai les flics s'il vous plaît ... En fait il y a une baston devant le bar "The Secret ...". Des blessés ? Ouais plutôt ! Y a deux types étendus au sol. *bruit de coup violent* Ah ben non, ça fait trois maintenant. Vous envoyez la police ? Ouais je pense que c'est plutot une bonne idée en effet ! Mon nom ? Euh Hector, Santoro Hector ... Oui pas de soucis j'attends sur le côté de la route.

Et il raccrocha. On lui avait dit qu'une patrouille se trouvait non loin, et débarquerait sous peu. Aussi il s'installa sur le bord de la route près à indiquer le chemin aux forces de l'ordre ...

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Pour une fois que la journée au poste se passait d’une manière relativement tranquille…
Bosser dans la police, vous vous en doutez bien, c’était pas ce qu’il y avait de plus reposant. Entres les plaintes pour vol, les bagarres et compagnie, y’avait toujours un truc à régler quelque part. Aussi, les jours où il ne se passait à peu près rien comme celui-ci était rares.
Donc, la journée s’était déroulée sans encombres. Madison bossait de l’après-midi, et la première patrouille avait ressemblé à une ballade de santé, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Les quelques autres heures passées au poste furent calmes, et on ne dénombra que deux plaintes. Bref, une journée tout à fait tranquille, et la jeune femme espérait qu’il en serait de même pour sa dernière patrouille, qui avait lieu le soir.

Il faisait froid en cette soirée de décembre. Le peu de soleil qui avait éclairé le journée avait tôt fait de se coucher, plongeant Amishawa dans le noir. Pour une manieuse du feu comme elle, ce temps tenait d’avantage du cauchemar, tant elle détestait le froid. Le grand soleil chaud de l’été ne restait jamais assez longtemps, et Madi désespérait chaque automne ainsi que chaque hiver. Nan, décidément, elle n’aimait que la chaleur écrasante, et ça aurait quand même été un grand soulagement si la canicule du mois de juillet pouvait durer indéfiniment, n’en déplaise aux autres.

Voilà ce vers quoi étaient tournées ses pensées alors qu’elle s’installa dans la voiture accompagnée de trois collègues. Bien sûr, cette patrouille devait se passer sans encombres, et ainsi elle aura tôt fait de rentrer chez elle.
Le voiture de police avançait tranquillement dans les rues du centre-ville, puis longea le quartier des fêtes, à l’affût d’un quelconque problème. Mais il n’y avait rien que le brouhaha des gens venus profiter de la ville un vendredi soir, ainsi que le vent qui soufflait au loin. Madison soupira de soulagement en se disant qu’elle avait bel et bien eu raison, et qu’aujourd’hui serait un jours calme jusqu’à la dernière minute.

Mais ça, c’était avant que les autres collègues, restés au poste ne viennent s’en mêler. Et vas-y qu’on les informait qu’ils étaient priés de se rendre devant un bar au nom plus que douteux de "The Secret". Bon, c’était pas comme si c’était une proposition bien sûr, et la voiture partit en trombe en direction dudit bar. Pendant ce temps, ils eurent le droit à tous les détails.
Donc une bagarre avait éclaté là-bas, trois types étaient étendus au sol et le gars qui avait prévenu la police attendait sur le côté de la route.
Une minute plus tard, la voiture arriva devant le bar. Et merde, c’était pas une blague en plus, y’avait bel et bien une baston juste devant. Un instant, la canadienne en vint à se demander s’il était possible de les laisser s’entretuer sur le trottoir, ce qui ne devait être que moyennement envisageable, malheureusement. Alors, la voilà qui sortit précipitamment de la voiture, accompagnée des collègues.

J’vous passe les détails, mais il fallut bien sûr s’interposer entre les quelques gars qui tenaient encore debout, élever un peu la voix pour se faire entendre, et coffrer tout ce beau monde, sans oublier d’appeler l’ambulance pour les trois machins qui restaient en sang au sol.
L’intervention ne dura pas bien longtemps; moins de dix minutes, puis tout redevint calme. Madison tourna la tête d’un air distrait et ses yeux se posèrent sur ce gars qui attendait bel et bien sur le côté de la route. Sûrement celui qui avait donné l’alerte pensa-t-elle.
D’un côté, c’était à cause de lui que la patrouille avait été retardée et qu’elle avait eu du boulot en plus, se mit-elle à penser d’un air amer. Mais, si l’on oubliait le peu d’envie qu’elle avait de bosser ce soir, c’était quand même une bonne nouvelle que quelqu’un ait donné l’alerte si tôt. Ça faisait bien longtemps que ce n’était pas arrivé d’ailleurs, ce qui était dommage car ça aidait beaucoup que d’être prévenu trois heures après.

Un coup d’œil à ses collègues lui indiqua qu’ils étaient tous occupés à diverses choses, comme coffrer les deux qui étaient toujours debout ou encore assurer à ceux qui étaient par terre que les pompiers arriveraient bientôt. Elle était la seule à ne rien faire au beau milieu de toute cette agitation, ce qui ne lui plu que moyennement.
Alors, prenant une inspiration, elle se dirigea vers l’homme qui se trouvait un peu plus loin.

" Excusez-moi, c’est vous qui avez donné l’alerte ? "

Autant éviter de se lancer dans des remerciements au nom de toute la communauté policière si ce n’était pas le cas…

Invité

Au bout d'une minute, Hector vit la voiture de police arriver ... dans l'autre sens. Il avait attendu sur le coté de la route pour rien, et se frappa le front de la paume de la main. Mais qu'il était con ... L'intervention ne dura que bien peu de temps, et le jeune américain s'installa bien confortablement sur une chaise pour regarder toute la scène. En deux temps trois mouvement, les abrutis encore deux bouts se retrouvèrent molestés, et on entendait les sirènes des pompiers au loin, en route pour distribuer des soins à ceux qui étaient à moitié morts au sol. A vrai dire, Hector pensait qu'il y en avait au moins un de vraiment mort, mais ce n'était que fabulations et hypothèses, il ne s'était pas approché d'eux pour constater les dégats. Après tout ce n'était pas son boulot. Le spectacle des bagarreurs en train de se faire coffrer, en revanche, avait quelque chose de fort satisfaisant. C'est alors qu'une des policières, une jeune femme du même âge que lui environ, vint à sa rencontrer. S'il n'avait pas déjà quelqu'un dans son coeur d'artichaut, il aurait probablement passé un peu plus de temps à regarder son visage et les formes qui se dessinaient à travers l'uniforme qu'elle portait, mais non, il se contenta de la regarder dans les yeux, et encore, du coin de l'oeil. La jeune femme lui demanda alors fort poliment si c'était lui qui avait donné l'alerte. Avant de lui répondre, Hector la jaugea du regard : elle peinait à réprimer son impatience et son humeur maussade. Le jeune homme sourit, en se disant qu'elle avait probablement besoin de décompresser un peu après le boulot.

- Oui, en effet c'est moi. Hec ... Enfin, peu importe, on a du vous dire mon nom quand on vous a transmis l'urgence ... Et puis c'est pas très important. Vous avez fait vite, et c'était efficace. Ca fait plaisir de voir une police efficace ! On se sent protégés.

Il était à moitié ironique, sarcastique même, et le ton de sa voix ne cachait pas franchement ce qu'il pensait. En vérité, il n'avait rien contre cette jeune femme, mais il n'avait jamais été un grand fan de la police. Et puis, il y avait ces policiers, qu'il avait sauvagement massacrés cette nuit là ... Il n'aurait pas aimé avoir la mort de la demoiselle devant lui sur la conscience. Il décida alors de changer de sujet, pour ne pas avoir à continuer de penser à tout ceci.

- Vous semblez bien ... tendue. Si votre astreinte se termine bientôt, vous pourriez peut être aller boire un verre ?

Et là, il réalisa que ça faisait très "dragueur" ...

- Enfin, ce n'est qu'une supposition hein ...

Invité

Donc, l'intervention s'était terminée sans encombres.
C'était une bonne nouvelle, manquait plus que les rares clampins encore debout fassent de la résistance et que des renforts viennent à la rescousse.
Un coup d’œil au cadran de la voiture lui indiqua que l'heure de sa libération approchait, ce qui lui rendit un peu le sourire. Vous savez, il y a de ces jours où l'on n'a pas du tout envie de bosser et de faire le moindre effort. Figurez-vous que c'était le cas aujourd'hui pour la policière, ce qui expliquait son humeur passablement massacrante. Humeur massacrante peut-être, mais pas impolie pour autant. On était au boulot là, et aller remercier le gars qui lui semblait avoir donné l'alerte serait sûrement plus utile que rester plantée comme un piquet au beau milieu du trottoir en faisant du rien.
Aussi, elle approcha ce gars. Mais avant de se lancer dans les remerciements, elle préférait avoir la confirmation qu'elle s'adressait à la bonne personne. En l'attente de sa réponse, elle l'avisa distraitement.

Quelques secondes passèrent, avant que l'homme dise qu'il s'agissait en effet bien de lui. Monsieur... Hec... ? Madi fit l'effort de se rappeler en détail du message qui leur avait été délivré pour se souvenir de son nom. C'était il y avait moins de dix minutes, alors ça n'était pas bien compliqué. Monsieur Hector Santoro donc... Qui disait que la police avait été très efficace,et que ça faisait du bien de se sentir protégé.

La jeune femme fronça les sourcils à l'entente de ces mots. N'avait-elle pas perçu une pointe d'ironie dans sa voix ? Peut-être bien, mais après tout ce n'était pas ses affaires. Elle se voyait mal lui dire qu'elle n'appréciait pas ces propos parce qu'il lui avaient semblé un peu trop sarcastiques. Au lieu de ça, elle se contenta de lui dire que c'était leur boulot, alors heureusement qu'ils avaient été efficace.

Donc, elle s'apprêta à le remercier pour l'aide qu'il avait apporté mais l'homme parla avant.

Hein ? Aller boire un verre ?
Cette fois, elle haussa les sourcils. Elle ne s'attendait pas à ça mais passons...
N'empêche, ça faisait très dragueur qu'un gars sorte ça juste devant un bar. Quoique, il ajouta quelques secondes après que ce n'était qu'une supposition. Encore heureux que ça ne soit qu'une supposition, il ne manquerait plus qu'il la traîne au bar pensa-t-elle.

La policière avisa un moment cet homme. Si ses mots sonnaient très dragueur, son attitude ne laissait rien paraître. Elle en avait croisé, des types qui ne cherchaient qu'à vous attirer dans les bars. De ces types qui vous regardent de haut en bas, juste comme un bout de viande. Ce monsieur Santoro l'avait regardé directement dans les yeux.
Rho et puis au fond, on s'en foutait un peu. Il avait ajouté que ce n'était qu'une supposition, et avait donc pensé que ces mots d'avant pouvaient être mal compris.
Elle croisa les bras, jeta un regard à la voiture où il ne restait guère plus de place à cause des deux andouilles qui venaient d'être embarquées. Elle n'avait pas l'heure sur elle, mais, l'ayant regardée plus tôt, elle se doutait que sa patrouille devait finir bientôt. Elle pouvait toujours contacter une autre patrouille des environs pour la ramener au poste, et de là, repartir directement chez elle.

Mais l'idée de prendre un verre, après cette journée de boulot, était tentante. Il y aurait bien un des collègues qui penseraient à faire le rapport de la situation, on n'avait donc pas vraiment besoin d'elle au poste.

"La bagarre à laquelle vous venez d'assister ne vous a pas dégoûté de la vie nocturne d'Amishawa ?"

Elle n'attendit pas de réponse, et répondit directement à sa question.

"Je vous avoue que c'était ce que je comptais faire après le boulot, alors je n'y vois pas d’inconvénient."

Ce qui n'était pas forcément vrai, mais bon... c'était ce qui lui semblait le plus juste à dire.