Face à la mer ...

La mer ... la plage de sable fin, les rochers, les vagues, l'écume, l'odeur saline, la brise fraîche. Non, la mer, ce n'est pas seulement ça, du moins pas pour ceux qui l'ont dans leur sang. Sentir contre sa peau ce vent léger porteur des odeurs marines qui chatouille vos narines, un parfum si familier. Un son apaisant provoqué par la douce houle des vagues s'écrasant sur les rochers sombres et abruptes, léchant le sable si fin et clair de cette plage, résonnant alentours comme un bruit de fond. Au bord de l'eau, sur la plage, une silhouette se tient debout, droite, de longs cheveux ondulant au gré du vent, tournée vers la mer. Qui est cette personne exactement, fraîchement débarquée sur cette île si mystérieuse ? Approchons nous silencieusement pour ne pas l'effrayer, elle semble pensive. C'est une jeune femme, sa chevelure est originale, teintée de rose. Un corps svelte apparemment, habillé simplement, les pieds nus partiellement dans l'eau. Elle a les paupières fermées, semblant apprécier ce moment serein que lui offre le paysage actuel.

Et pourtant, il en est tout autre ... Ses pas l'ont porté jusque là, car l'eau est son élément, il coule en elle depuis qu'elle est gosse. Elle n'est pas pensive, mais inquiète, elle essaye juste de retrouver le calme grâce à cet endroit. Voilà quelques heures seulement qu'elle s'est réveillée sur l'île, une île dont elle ne connait rien. Elle ne sait même pas comment elle est arrivée là. Mais ce n'est pas ça qui la tracasse tant. Elle a été séparée de sa sœur et elle se demande si elle aussi a été amenée là, ou bien si elle est restée chez elles. Risque t-elle quelque chose ? Elle est encore jeune sa petite sœur. Quand la reverra t-elle et surtout la reverra t-elle ? Pourquoi est-elle ici, qu'est-ce que tout cela signifie ? Ça n'a aucun sens ... C'est perturbant, trop peut-être pour cet esprit encombré.

Les paupières de la jeune femme s'ouvrent, laissant son regard d'azur se poser sur l'étendue d'eau d'une couleur similaire. Soudain, un changement semble opérer dans l'ombre. Les expressions de son visage fin et ovale changent, un air innocent s'y installe, innocent et curieux. Sa main droite se glisse dans sa poche de sweat et saisi deux nœuds que la jeune femme fixe ensuite dans ses cheveux, faisant deux couettes rapidement. Ces dernières ne sont pas bien réalisées, un peu à la manière d'une enfant. Puis, comme si tout autour d'elle était naturel, normal, elle recule un peu sur le sable mouillé et s’accroupit, commençant à creuser un trou. Pour faire quoi ? Quelque minutes plus tard, elle fait une montagne puis le modèle et là, on commence à distinguer les traits d'un château de sable un peu mal fait. Elle s'est assise à même le sable gris et humide, salissant ses vêtements, mais elle s'en fiche, trop occupée à réussir et finir son "chef d’œuvre". Elle est tellement occupée qu'elle ne fait même pas attention aux potentiels passants. Elle commence à faire les douves du château, puis a une idée, pourquoi ne pas faire un pont, non un pont-levis ? Et c'est reparti, rien ne la perturbe, pas même les mouettes dans le ciel qui crient en volant en cercle autour d'un petit bateau de pêche, attirées par les poissons rejetés par les pêcheurs.

C'est quelques instants plus tard alors que le soleil commence à décliner sur l'horizon, étalant sa palette de couleurs orangée sur l'étendue d'eau, que la jeune femme se redresse. Elle a terminé, contemple un moment sa construction et grimace. Puis, sans aucun ménagement, elle le détruit sous ses pieds. Entre ses lèvres, s'élève une voix fluette et enfantine qui contraste avec l'aspect physique de sa personne.


- Non, c'est pas bien, c'est pas joli. Faut que je recommence, un plus beau et plus grand !