Des attractions extrêmement bizarres ! {Ethan/Sayuri}

Voilà déjà quatre jours et trois nuits que Sayuri se trouvait sur cette île, cela pouvait paraître peu mais pour l'adolescente cela semblait faire des siècles. Elle avait rapidement perdu la notion du temps tant ces trois derniers jours avaient été uniforme. Durant ces trois journées, la jeune fille ne pensait qu'à ses parents et son village, les pauvres, ils devaient être affolés et cherchaient la jeune fille partout. En vain, car maintenant Sayuri l'avait parfaitement compris, se lamentait et pleurer son passé ne lui était d'aucune utilité car ce n'était pas ça qui la ramènerait à la maison. Non, en fait elle avait compris mais ne voulait pas l'admettre que, quoi qu'elle fasse il lui serait impossible de revenir en arrière et de quitter ces lieux. Alors, après moult hésitations, la blonde décida de se fondre dans la masse et apprendre à s'intégrer dans son nouvel habitat. Et ce fut ainsi, qu'en ce jour à la météorologie plutôt bonne pour la saison, que la miss se rendait à la foire. Les rumeurs disaient qu'elle était réputée et que l'on s'y amusait bien malgré les longues files d'attente à subir pour entrer dans un manège. Les fêtes foraines, c'étaient des lieux qu'avait rarement fréquentés l'adolescence durant sa vie, car ce genre de loisirs mobiles ne passaient pas dans les petits patelins éloignés des grandes villes. C'était donc une occasion rêvée pour goûter au plaisir de ce lieu jovial et se changer les idées!

Lorsqu'elle fut sur les lieux, ses yeux se mirent à scintillaient d'extase, d'envie, d'admiration envers ce monde de l'amusement, ses yeux rouges étincelants ressemblaient à deux énormes rubis. Les lumières, les rires, la foule comparable à une vague, tout ceci apporter une atmosphère de gaieté tentante. La jeune fille passa alors le portail doré qui délimitait le terrain de la foire, regardant à gauche, à droite, tout semblait si amusant par où pouvait-elle bien commençait?
Regardant avec attention chaque attraction et stand, les yeux de la petite blondinette semblèrent subitement happés par un stand en particulier, un vendeur ambulant proposant des rafraîchissements et sucreries et là, ce fut le coup de foudre. De la barbe à papa! Elle en avait tant entendu parler sans jamais avoir l'honneur d'en porter à ses lèvres. Cette petite boule de coton rose fondant dans la bouche... Il lui en fallait une! Ne serait-ce pour une seule fois, juste pour connaitre la saveur de ce nuage de sucre!

Passant difficilement à travers la foule, la jeune fille parvint enfin devant le stand. Fouillant la poche droite de sa robe brodée, elle en sortit quelques pièces pour pouvoir s'acheter la merveilleuse friandise. Elle allait passer commande lorsqu'elle sentit un poids contre elle, quelqu'un venait de basculer brusquement. Par chance cette personne avait réussi à se rattraper mais ça ne fut pas le cas de sa barbe à papa s'étant écrasé sur le crâne de Sayuri. Instinctivement, la petite avait rattrapé le bâtonnet soutenant la sucrerie ne pensant pas alors qu'elle avait laissé s'éparpiller sur le sol sa monnaie.

Ouah !! Lucky !! Hé, hé, merci, grâce à toi ma barbe à papa n’est pas complètement perdue.

Levant légèrement la tête pour voir le visage de son interlocuteur, Sayuri bégaya.

J-Je suis désolée! J-Je vais vous la repai-Elle s'arrêta brusquement remarquant l'absence de l'argent dans ses mains. M-Mes pièces! Zuuuut où sont elles?!

La foule était bien trop dense pour voir quoi que ce soit, le sol foulé par des centaines de pieds à la minute avait fait perdre toutes traces de l'argent. Sayuri passa la main dans ses cheveux et sentit la désagréable sensation de sa chevelure engluée dans le sucre. Elle soupira, les larmes lui montant aux yeux.

C'est vraiment pas mon jour de chance...

Vraiment, depuis son arrivée Sayuri était poursuivi par la malchance! Elle se perdait sans arrêt, se cognait, tombait et maintenant elle était la cible des bousculades on pouvait difficilement faire une pire semaine. De plus la sensation d'être épié et pointé du doigt lui était fort désagréable, elle avait oublié à quel point cela pouvait faire mal d'être visé par les moqueries, car aucun doute elle était le sujet de quelques rigolades à travers la foule. Une gamine couverte de coton sucré, il était vrai que cela devait être comique d'un point de vue extérieure, mais l'adolescente se sentait très mal à ce moment-là, elle ne souhaitait qu'une chose, se terrer au fond d'un trou.
Le jeune inconnu n'arrangeait pas les choses, il semblait du genre à aimer taquiner autrui. Cependant les taquineries faisaient bien souvent souffrir que faire rire la victime. Cependant il n'était pas méchant, voyant les larmes perlées sur les joues roses de la petite il arrêta aussitôt. Ses paroles étaient assez dures et dites avec une voix forte, mais Sayuri ne lui en voulait pas, le garçon avait entièrement raison, les saules pleureurs sur pattes étaient vite agaçants.

La petite blonde allait s'excuser pour ses larmes de crocodile mais le garçon aux cheveux roses sucre lui fourra le restant de sa friandise dans sa bouche. Le nuage rose fondait, plongeant les babilles de l’adolescente dans son arôme doux et sucré. Les descriptions qu'avait reçues la jeune fille au sujet de ses boules de coton étaient fausses, les barbes à papas étaient bien mieux que ce qu'on lui décrivait!

Voilà pour toi, maintenant tu m’arrêtes tout de suite ces larmes. Bon dieu que c’est chiant. Je déteste les petites fontaines comme toi, alors tu te reprends sinon je vais te donner une bonne raison de pleurer.

Sayuri baissa les yeux et dit d'une voix faible.
J-Je suis désolée...Je dois être agaçante à tes yeux...M-mais merci pour la barbe à papa c'est très gentil....

Bon ce n’est pas que çà m’intéresse, mais je sens que tu vas me faire chier si je ne te le demande pas. Alors en deux mots, tu vas me dire ce qui se passe et pourquoi tu t’apprêtais à m’inonder les baskets.

L'adolescente fut surprise.
J-Je ne comptais pas t'utiliser comme mur des lamentations! ... Disons juste que j'ai en quelque sorte le mal du pays. Mais je présume que ça passera... J'espère...

Passant à nouveau la main dans sa chevelure elle soupira.

Ah oui... La barbe à papa j'avais oublié ce détail... Dit-elle un sourire aux lèvres. Oui, ça l'amusait bien de savoir comment elle aller s'en débarrasser!

"Pas débrouillarde" voilà à quoi ressemblait la jeune fille aux yeux du garçon. Une fille n'étant pas fichue de faire quelques choses sans aide. C'était faux, elle le savait bien, mais elle ne pouvait pas lui prouver car en ce moment même il était vrai qu'elle était douée comme un manche à balai. Sayuri qui, d'habitude, est une fille dégourdie aimant faire des tâches ménagères pour rendre service, cuisiner encore et toujours pour venir en aide. En fait, l'univers de l'adolescente dépendait d'autrui, si elle n'avait personne à aider, elle se sentait inutile, remplaçable, éphémère. Elle aimait être vue d'un bon oeil, être considéré comme la gentille petite fille sur qui l'on peut compter mais depuis qu'elle se trouvait sur cette île tout ceci semblait inversé. Elle était la main tendue tentant de relever celui à terre, mais, là c'était cet inconnu, tout comme la fille à la chevelure violine qu'elle avait rencontrée à son arrivée, qui lui tendait une main charitable. C'était le monde à l'envers et la blonde y perdait tous ses repères.
Suivit de ses paroles, l'homme l’empoigna par l'encolure de sa robe et la tira en arrière sans même lui laisser le choix de le suivre docilement.

E-Eh! D-Doucement tire pas trop fort!

Traînait quand un vulgaire sac, Sayuri ne pouvait pas se débattre et dû donc se laisser faire.
le garçon s'arrêta devant un stand de boissons et y acheta une bouteille d'eau. Dès lors il s'adressa à nouveau à la jeune fille qu'il venait de lâcher. Il lui proposa un deal, mais pour lui comme pour elle, ils savaient pertinemment tous les deux que ceci n'était pas négociable. À peine avait-il fini qu'il se remit en route, continuant de traîner la blondinette comme s'il tirait sur une laisse pour chien.

Au fait tu vas me dire ton nom tant qu’à faire, et me dire depuis quand t’es arrivée sur cette île. Car avec ce que tu as dit toute à l’heure et tes yeux bridés, j’en ai déduis que t’étais pas du coin toi.

S-Sayuri Suki.Bredouilla-t-elle avant d'être littéralement balancé sur un banc.

Le ton du jeune homme ou plutôt, "Ethan" semblait plus rude que les fois précédentes. C'est pourquoi la jeune femme ne cherchait en aucun cas à se plaindre et obéissait comme un bon toutou à son maître, penchant la tête en arrière le laissant ainsi rincer sa chevelure.
Pendant que le garçon s'amusait, ou plutôt subissait les conséquences de la maladresse de notre protagoniste, à retirait un par un les morceaux de sucres humidifiés, Sayuri répondit à sa question précédente.

Je viens d'un petit village aux alentours de Kyôto au Japon. Je suis arrivée ici il y a moins de cinq jours... Inutile de dire que je me perds encore très facilement. Et... Et toi? E-Enfin si ce n'est pas indiscret! Demanda t-elle timidement.

Tirant sur la crinière blonde brunit par l'humidité, Ethan dit d'une voix neutre que ce qu'avait demandée la jeune fille était impolie. Mais pour la plus grande incompréhension de Sayuri, l'adolescent lui divulgua tout de même des informations personnelles. Pourquoi lui avoir tiré la tignasse si c'était pour finalement lui dévoiler son identité de manière plus approfondie? Mais bon, le "mal" était fait alors à quoi bon s'en plaindre?
Donc, le garçon aux allures de petit voyou était d'origine américaine. L'Amérique, cet État puissant qui semblait s'approprier bons nombres de gloires scientifiques et populaires, c'était un pays dominant qui autrefois était considéré comme un pays d'indigènes barbares. Comme quoi les choses pouvaient évoluer au fil des siècles. C'était un pays qui avait l'air magnifique, mais dont Sayuri n'avait jamais pu avoir la chance d'y mettre les pieds et vu les circonstances et l'impossibilité de quitter Awashima, ce continent restera surement à jamais un mystère pour la petite campagnarde japonaise qu'était l'adolescente.

La jeune fille fut extirpée de ses rêveries lorsqu'elle sentit des gouttes imbibée le tissu de sa robe et se leva en un bond. C'était l'Américain qui s'était amusé à essorer sa longue chevelure au-dessus de sa tête, vraiment... C'était puéril aux yeux de la blonde.

Voilà ton problème est réglé, désormais tu m’appartiens pour la soirée. Dès lors pour commencer, tu vas me faire une démonstration de ton pouvoir. Hm… Voyons, voyons, ah ! Tu vois ce gros plein de soupe de policier là-bas, celui qui est entrain de nous tourner le dos. Et bien c’est ta cible, joue lui un mauvais tour.

La miss Suki n'en croyait pas ses oreilles. Quelle fourberie était-ce là! Comment osait-il profiter ainsi de la naïveté d'une jeune femme ainsi? Et par-dessus le marché lui quémander de faire des pitreries, sur un officier de police en plus! Voilà Sayuri dans de beaux draps! Obéir aveuglément et se faire tirer les oreilles par un policier? Ou refusait et se faire remonter les bretelles par ce jeune homme étant loin d'être un gentil gentleman? Dans quelle misère c'était elle encore fourrée?!

Serrant les poings, la tête baissée elle répondit presque inaudiblement.
Je ne veux pas...
Levant légèrement les yeux en direction de son interlocuteur, elle haussa le ton et prit une voix affirmée.
Je ne veux pas faire la misère aux autres! Je suis là pour m'amuser pas pour me mettre à dos des gens à causes de mauvaises blagues! Je... Je ne suis pas une fouteuse de merde! Finit-elle par criait.

Elle avait un regard perçant, coléreux, c'était si rare. Elle, la brave petite obéissant docilement, n'haussant jamais le ton et n'exprimant jamais sa colère, la voilà à subitement s'affirmer. Mais ça, c'était à cause de la montée d'adrénaline car aussitôt elle s'en voulait. Elle allait surement s'en mordre les doigts pour cette offense.

Le refus de l'adolescente avait semblait-il fortement déplu au jeune homme. Ne devant pas être habitué à ce genre d'affront et devant d'habitude obtenir le moindre de ses désirs en un claquement de doigt, ce fut avec une expression grave emplie de sévérité qu'Ethan tira violemment Sayuri par l'oreille. Sur un ton de supériorité, il lui fit la leçon. C'était vraiment l'hôpital qui se foutait de la charité en ce moment même. C'était lui qui avait un comportement immoral, c'était lui qui méritait une correction, mais ça, la poupée de porcelaine n'en avait pas les tripes. Jamais elle ne pourrait l'attaquer car elle savait pertinemment comment cela finirait, en défaite cuisante.

Lorsque l'adolescent lâcha prise, le temps semblait s'être arrêté, la foule semblait muette. Tous étaient outrés devant la scène cependant personne ne venait en aide à Sayuri. La fillette regardait les inconnus restant plantés là comme s'ils étaient en face d'un spectacle. Serrant les poings, empoignant le tissu de sa robe, la tête baissée, les épaules tremblantes, la jeune fille hoquetait dans ses sanglots.

Pourquoi... Murmurait-elle. POURQUOI CE GENRE DE CHOSE M'ARRIVE SANS CESSE?! Cria t-elle en pleurant.

Le sol se mis à tremblait après ses mots. Des gravats de toute taille se mirent à léviter autour de l'adolescente dans une ronde endiablée avant de brusquement s'éparpiller dans toutes les directions.
La populace se mit à crier, s'enfuir, les pierres se fracassaient contre les stands, les attractions, tout ce qui se trouvait sur leurs trajectoires. C'était le chaos total. Les objets fragiles se brisaient dans un bruit sourd, une pierre brisa le vitrage de la machine à pop-corn inondant le sol des petits flocons sucrés, tout cela accompagné du rire excentrique d'Ethan qui semblait prendre gout à la situation.

Sayuri, décida alors de se fondre à la masse en s’enfuyant à travers la foule, à la recherche d'un lieu où se cacher.
Quelques minutes plus tard, elle était sous la grande roue, camouflée par les grands pieds métalliques soutenant le manège. Assise, pleurant à chaudes larmes.

Le visage enfouit dans le drapé bleuté de sa robe, Sayuri pleurait. Depuis son arrivée, elle pleurait, à un tel point que l'on se demandait d'où elle puisait toute cette eau! Pourquoi était-ce si compliqué de s'adapter? Pourquoi ne parvenait-elle pas à se fondre dans la masse? Elle ne voulait qu'une chose, qu'on la voit comme une banale adolescente de 16 ans, rien de plus, pas de haine ni de traitement de faveur parce qu'elle est descendante du dieu de la terre. Non, elle voulait juste être Sayuri Suki la petite fille d'agriculteurs japonaise étudiante en médecine.
Camouflée par ses pleurs, l'adolescente ne fit pas attention et ne remarqua pas la présence de l'agitateur qui lui avait valu cette réaction chaotique involontaire. À l'entente de sa voix elle sursauta avant de redresser la tête.
Il passa l'une de ses mains gantées dans la chevelure de la petite et se mit à la frotter, ébouriffant ainsi ses cheveux ondulés.

On nous retient prisonnier sur cette île contre notre gré, dès lors pourquoi t’as l’air de regretter ce que tu as fait ? Je te signale qu’on est les victimes dans cette histoire, libre à nous de nous déchaîner et de montrer qu’on n’est pas d’accord. Et si cela ne leur plait pas, ils n’ont qu’à nous renvoyer chez nous ! Bon c’est pas bientôt fini ? T’es en manque d’amour ou quoi ? Tu veux quoi ? Un câlin peut-être !?

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Mais non pas l'un de ses radieux sourires empli d'amour. Non, un sourire moqueur, mesquin.

Tu es un idiot. Parce que tu n'es pas d'accord il faudrait obligatoirement que tu réagisses par la violence en menant la vie dure aux habitants de cette île? Tu es au courant que ça ne sert à rien? C'est même totalement immature. Les gens d'ici ne sont pas tous mêlés au fait que nous avons été amener ici contre notre volonté. Alors pourquoi es-tu si rancunier? Je suis tout comme toi haineuse envers ceux nous ayant emmené ici, mais ce n'est pas pour autant que comme toi je décide d'en devenir imbuvable. Alors tu sais quoi? Je n'ai pas à suivre tes "conseils" au sujet de ma conduite envers autrui. J'ai décidé de rester douce et calme comme je l'ai toujours été et ça dont ça te plaise ou pas ce n'est pas mon problème. Je ne veux pas devenir quelqu'un comme toi. Je suis telle quelle et ça me convient. Une objection?

Le regardant droit dans les yeux, cette fois si sans aucune hésitation, Sayuri lui tenait tête. Elle voulait mettre les choses au clair. Elle était certes gentille mais sa bonté et son indulgence avaient certaines limites à ne pas franchir.

La blonde platinée ne comprit pas vraiment ce que voulait dire Ethan. "ennuyant de voir qu’il existe encore des personnes comme toi à notre époque." Qu'insinuait-il? Que de nos jours tous les jeunes étaient des rebelles usant de la violence à toute occasion? Que pour se faire respecter dans cette nouvelle génération il fallait savoir faire preuve de brutalité et arrogance? Eh bien ça, Sayuri s'en moquait bien! Que ce soit un caractère à la mode ou "classe" la jeune fille n'en avait rien à faire. Elle ne voulait pas devenir comme l'une de ces filles superficielles des grandes villes à la pointe de la mode. Ce qu'elle voulait c'était se sentir bien dans sa peau, se sentir elle-même et non pas avoir l'impression d'être une autre Sayuri suivant comme un mouton les nouvelles tendances aussi bien vestimentaires qu'aux niveaux linguistiques et comportementaux. En bref, elle ne voulait pas changer, elle ne voulait pas devenir vicieuse et sournoise parce que son nouvel environnement lui demande de l'être. Non. Que cette île soit dangereuse ou non, l'adolescente apprendra à survivre tout en restant la jeune fille réservée et pacifique qu'elle était depuis son plus jeune âge. Certes, si un danger venait à se pointer elle serait surement obliger de se défendre mais aussi de passer à l'offensive, mais elle n'y prendrait pas goût, au grand jamais. Faire couler le sang lui était insupportable, alors en prendre un plaisir carnassier était impossible.

Tu prévois donc de te laisser vivre bien sagement sur cette île et de renoncer à rentrer chez toi ? Pathétique…

Elle voulait protester, bien évidemment qu'elle voulait rentrer chez elle! Cependant le jeune homme avait semblait-il anticiper la réaction de Sayuri et répondit avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Il lui expliquait sa vision des choses, sa version personnelle et donc ses options pour s'échapper d'ici. Mais la jeune fille voyait autrement.

-Qui te dit que faire un remue-ménage te permettra de rentrer chez toi? Au contraire je pense que nos kidnappeurs auront bien mieux fait de te jeter dans une cellule de prison pour mineurs! Si nous sommes là ce n'est pas pour rien. Les raisons me sont totalement inconnues mais je présume que si je suis ici c'est que j'ai un devoir à y accomplir. Quand ils n'auront plus besoin de nous alors ils nous relâcheront mais... Qui nous dit que la vie reprendra son cours dans-temps? Je veux dire... Arrives-tu as te souvenir comment tu es arrivé ici? Non? Tout comme moi et surement tous les autres détenteurs emmenés ici. J'en ai déduit que nous étions en quelque sorte manipulés d'une certaine manière à ce que l'on ne se souvienne et ne lutte pas. Si ça se trouve, ils ont peut être le pouvoir d'effacer toutes traces de nos existences chez nous. Comme si nous n'étions jamais nés. C'est peu être débile et totalement faux ce que je te dis là... Mais réfléchis-y... Tu imagines si on devait repartir de zéro? Peut-être qu'en fait...être ici est la meilleure solution... En fait nous devons attendre ce que l'avenir nous réserve.

Une fois de plus, la jeune fille s'emportait dans ses paroles et tout portait à croire que son interlocuteur n'avait aucune autre envie que de la faire taire quitte à pressait ses mains gantées sur le cou de l'adolescente. Sayuri lui tapait sur le système et elle en avait conscience, mais elle n'en éprouvait aucun regret. Une sorte de vengeance personnelle pour tout ce qui lui a fait subir durant cette après-midi! Chacun avait sa manière d'agacer les gens, tout était dans la manière de faire et la blonde était très forte au jeu de celui qui se montrerait le plus horripilant quand elle le voulait.
Lassait de ces belles paroles volatiles, Ethan pressa fortement la paume de sa main sur les lèvres de la blonde. Dommage s'il avait fait preuve de plus de patience il aurait remarqué que cela était inutile car le beau discours de la miss était achevé.

Néanmoins, la vengeance de la petite venait de se faire anéantir par un retour de balle. Le jeune homme venait de lui apprendre que les familles se souvenaient de leurs disparus. En un fragment de seconde l'adolescente avait perdu toute combativité. Le fait de croire que ses parents avaient oublié son existence lui faisait mal, mais cela lui faisait bien moins mal que cette blessure écarlate que venait de causer cette nouvelle. Il était ainsi possible de les contacter, ne serait-ce que quelques minutes pour leur dire de ne pas s’inquiéter, que tout aller bien se passer. La jeune fille devrait se réjouir à l'idée de pouvoir les joindre, toutefois seul un regard éteint, vide d'expression, se lisait sur son visage. Elle ne pouvait pas les contacter. Ils vivaient coupés du monde de la technologie, dans son village natal il n'y avait pas de réseau, les villageois connaissaient la population entière du patelin mais rien ne les relier au monde extérieur. Ils étaient tous comme enfermé sous un dôme, isolé de tout. Sayuri était bouleversée, non seulement ses parents devaient se faire un sang d'encre et en plus elle ne pouvait rien leur dire. Si cela se trouvait, tout le village était en ce moment même en deuil, pensant à une éventuelle noyade ayant emporté la jeune demoiselle Suki.

Cette idée était insupportable pour la petite. Elle souffrait...Elle avait tant fait pour oublier ses misères et voilà que les plaies ayant parvenu à cicatrisaient se retrouvèrent désormais rouvertes, à vif.

Sayuri Suki, c’est bien cela ? Si tu persistes à rester aussi gentille tu ne feras pas long feu sur cette île. Il y a dans cette ville et ses environs des gens beaucoup moins sympa que moi. Des gens qui pourraient tout simplement se prendre l’envie de te CARBONISER TOUT D’UN COUP !!

Le haussement brutal de ton fit sursauter la jeune fille qui, quand elle tourna la tête vers le garçon, ne vit rien d'autre qu'une orbe de braise fendre l'air en sa direction avant d'exploser en un million d'étincelles brûlantes à quelques pas seulement d'elle. Cela avait été si soudain qu'elle n'en n'avait ni eu le temps de se protéger, ni même le temps d'en avoir peur. De toute évidence Ethan n'avait aucunement l'envie de la blesser bien qu'il en était capable et ça, Sayuri le savait. L'adolescent avait voulu lui faire passer un message. Celui qui rappelait que pour vivre il fallait suivre la loi de la Jungle, « manger ou être mangé » c'était aussi simple que cela. Les forts subsistaient les faibles trépassaient c'était un jeu d'enfant qui n'attendait que d'être mis en pratique.

Assise, au milieu des décombres de son acte dévastateur, seule à regarder s'éloigner la silhouette du garçon, Sayuri soupira.

Vraiment... Qu'elle sale journée.

END