Sous le regard de la lune [Lise]

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En voilà une belle nuit. Aussi belle que l'avait été la journée. Enfin, le temps était digne d'un véritable mois de juin, sans nuages et avec du soleil à longueur de journée. Enfin, on pouvait se promener en débardeur dans toute l'île sans se transformer en glaçon, rien que cette idée avait mise la brunette de bonne humeur. Mieux encore, aujourd'hui, elle ne travaillait pas. Elle avait donc eu toute la journée pour profiter du grand ciel bleu, et, surtout, du grand soleil.
La journée s'était déroulée sans accroc, et tout allait pour le mieux.
Le soir venu, la soleil commença à décliner, offrant l'un des plus beaux crépuscules qu'elle n'avait jamais vu. A croire que le soleil lui-même voulait enflammer le ciel. La jeune canadienne s'était trouvé une place tranquille près de la plage pour admirer ce joli crépuscule, comme le voulait la tradition. Et elle était restée longtemps, à admirer le ciel vermeil. A croire qu'il saignait tant les teintes orangées devenaient rouges.

Lorsque, enfin, le soleil se coucha pour de bon, la policière se retrouva assise au beau milieu de la plage. Que faire à présent ? Rester un peu ici ? La nuit serait aussi douce que la journée, ça pouvait être agréable. Plus agréable que rentrer et s'enfermer chez soi ou dans des bars. Elle aurait bien pu appeler quelques personnes pour lui tenir compagnie, mais, au fond, elle était très bien seule. Pourquoi ne pas le rester un peu ? Ça lui ferait du bien. Aussi décida-t-elle de rester sur place, en regardant la lune qui faisait déjà son apparition. Tiens ? C'était la pleine lune aujourd'hui. Bonne nouvelle, l'astre était encore plus beau à regarder lorsqu'il était entier. Elle serait sans doute restée longtemps à l'observer, si son ventre n'avait pas crié famine. Il commençait à se faire tard, et elle n'avait rien avalé depuis le déjeuné. Oh rien de bien grave, elle aurait très bien pu ignorer la faim un moment et admirer encore la lune. Le problème, c'était que la miss n'aimait pas avoir faim, comme la plupart des gens. Alors elle se leva, en soupirant, regarda une dernière fois la lune avant de quitter la plage pour rechercher un truc à grignoter.

Une glace par exemple ? Niveau diététique, on avait déjà vu mieux, mais une fois de temps en temps, ça ne faisait pas de mal. Bien sûr, ce n'était pas les marchands de glaces qui manquaient aux abords de la plage, même la nuit. Aussi, elle trouva rapidement son bonheur, et céda même à la gourmandise deux fois de suite en achetant une gaufre.
Elle n'avait toujours pas abandonné l'idée de retourner sur la plage, pour une fois qu'elle pouvait être au calme là-bas...
Armée de sa glace et de sa gaufre, elle remit les pieds sur le sable fin, et entreprit de s'asseoir pour déguster ce qu'elle venait d'acheter.
Mais à croire que le destin n'était pas de son avis, un bruit parvint à ses oreilles. Madison leva les yeux, sûre d'avoir entendu une voix non loin. Une autre personne se trouvait-elle ici ? Elle balada ses yeux vermeils un peu plus loin, pour remarquer une silhouette éclairée par la lune. Curieuse, elle s'approcha à pas de loup. C'était bien de cette silhouette que venait la voix. Mais Madi ignorait encore à qui elle parlait, il n'y avait personne avec elle. Cette silhouette de jeune fille semblait en pleine conversation avec la lune, ce qui surprit la jeune femme. Certes, la lune était très jolie, mais engager une conversation avec elle, c'était peut-être un peu trop non ? Qu'importait, elle s'approcha encore, faisant apparaître une flamme entre ses doigts pour éclairer un peu le sable, et éviter de tomber dans un trou creusé par des gamins.
Puis elle s'arrêta à quelques mètres de la jeune fille, sans un mot, juste pour écouter ce qu'elle pouvait bien avoir à dire à la lune.

Invité

Lise connaissait à présent par coeur la lettre qu'on lui avait remise après son réveil. Celle-ci faisait mention de certains pouvoirs surnaturels. La jeune fille avait fini par se douter qu'il s'agissait de sa capacité d'utiliser l'ombre comme un manteau dans lequel elle pouvait se cacher. Cependant cette lettre sous-entendait qu'elle avait un ancêtre spécial... Peut-être s'agissait-il de son père. Elle ne l'avait pas connu, et jamais sa mère n'avait accepté de lui en parler.
Lise haussa les épaules. Elle se sentait plus que tout perdue et fatiguée. De ce voyage dans un sac elle avait gardé beaucoup de courbatures. Elle avait essayé de marcher un peu sur la plage, puis elle s'était effondrée par terre et avait fini par s'endormir.

Lorsqu'elle se réveilla, la nuit était tombée depuis longtemps. Elle se sentait bien plus détendue qu'à son arrivée et, sans surprise, elle remarqua la pleine lune qui reluisait de blancheur dans un ciel d'encre. Comme elle s'y attendait, les rayons de lumière se concentraient autour d'elle, lui apportant de la sérénité.
Lise s'assit en seiza. Elle appréciait la solitude de ce moment et la beauté de ce lieu qu'elle pouvait ressentir, ainsi que la douce musique du ressac, non loin. Sans prendre la peine de se camoufler dans l'obscurité puisqu'elle pensait ce lieu désert, la jeune fille leva la tête vers la lune:

Je ne sais pas ce que je fais ici... C'est toi qui m'y as emmenée? Si comme ils le disent, ce monde n'est pas différent de l'autre, je vois pas l'intérêt de m'avoir fait faire ce changement... Tu crois que j'aurais été dangereuse, si j'étais restée? Je n'étais pas à la hauteur, puisqu'elle est morte... Mais en tout cas c'est gentil d'essayer d'apaiser mes doutes, je sais pas si tu pourras venir à bout de tous... Peut-être qu'après tout je devrais me reconstruire ici...

Au fur et à mesure que ses paroles pas forcément cohérentes coulaient, il lui semblait effectivement que ses doutes s'effaçaient, jusqu'à disparaître, comme si tout ce qui était incertain avait trouvé une solution.

Enfin... La seule chose qui m'embête vraiment, c'est que je ne suis pas sûre de pouvoir travailler à mon compte... Tu crois que j'ai le niveau?

Lise s'arrêta soudainement de parler, constatant que quelqu'un l'observait. Son premier réflexe aurait été de se cacher, puis elle se dit qu'il valait mieux attendre de voir ce que voulait cette personne, qui n'était peut-être pas forcément mauvaise.
Elle se releva, légèrement nerveuse.

Bonjour...

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Pas de doute, elle parlait bien à la lune. En s'approchant un peu plus, la brunette avait pu entendre ses mots; cette jeune fille se demandait si elle avait le niveau pour travailler d'elle-même. Madison se retint de dire à haute voix que ce n'était pas la lune qui aurait la réponse à cette question, mais elle garda le silence, trop curieuse de connaître le suite de ses paroles. Pourtant, la jeune fille arrêta de parler, et se retourna vivement. Peut-être était-ce la flamme qui servait de torche à la canadienne qui avait attiré son attention ? Dans tous les cas, Madi était repérée! Restait à savoir ce qu'elle allait faire. Faire comme si elle passait par là et repartir en s'excusant de l'avoir interrompue dans ses réflexions ? Nan, c'était beaucoup trop facile. Et puis cette fille-là l'intriguait. A la lumière de la lune ainsi que de sa flamme, elle l'étudia un moment. "C'est presque une gamine..." songea-t-elle, et le ruban qui ornait ses courts cheveux teints ne faisait que renforcer son aspect juvénile. Voilà une petite demoiselle bien mignonne, et qui semblait aussi bien perdue.
Enfin, elle se releva, et hasarda quelques mots à l'égard de la policière. Un simple bonjour, bien hésitant. Était-elle timide ? A moins qu'elle n'aime tout simplement pas parler, ou bien qu'elle n'en ait pas l'envie en cette soirée. La brunette creusa sa mémoire, afin de se souvenir si elle l'avait déjà croisée auparavant. Nan, vraiment, cette gamine ne lui disait rien, mais l'île était grande, et elle pouvait très bien ne l'avoir jamais croisée. Pourtant, c'était bien son air perdu qui lui faisait croire qu'il s'agissait d'une petite nouvelle.

Qu'importait, qu'elle soit nouvelle ou non, cette fille avait attisé sa curiosité, aussi décida-t-elle de rester un moment en sa compagnie.
Voilà quelque chose qui n'était pas dans ses habitudes; Madison ne côtoyait que les gens susceptibles de lui apporter quelque chose, et les embrouillait de mensonges par la même occasion. Mais elle ne ressentait pas l'envie d'aller manipuler cette gamine-là, peut-être parce qu'elle lui semblait trop vulnérable, elle n'aurait eut aucun mérite.
C'était décidé! Ce soir-là, elle serait la gentille fille. De temps à autre, ça ne faisait pas de mal. Bien sûr, elle n'était pas naïve pour autant. Après tout, peut-être que cette jeune fille cachait bien son jeu, tout comme elle savait le faire, et si c'était le cas, elle ne se laisserait pas avoir.

"Vu l'heure, je dirais plutôt bonsoir..."

Souffla-t-elle en un sourire. Puis son regard fut attiré par la lune, toujours aussi brillante.

"C'était à la lune que tu parlais ?"

Au fond, elle n'attendait pas vraiment de réponse car elle la connaissait déjà. Bien sûr que c'était à la lune qu'elle parlait, à qui d'autre sinon ? Restait à savoir comment allait réagir la jeune fille, mais avant cela, autant se justifier.

"En tout cas, c'est pas une mauvaise idée, c'est vraie que c'est une gentille interlocutrice la lune, elle écoute toujours sans un mot..."

Elle sourit à nouveau à la plus jeune. Autant qu'elle évite de se méprendre, elle ne lui demandait pas ça pour rire d'elle.

Invité

Après avoir laissé son regard étonné reposer quelques instants sur la flamme que son interlocutrice tenant dans sa main, Lise la regarda enfin. Il s'agissait d'une belle jeune femme brune vêtue de rouge et de noire, qui dépassait la nouvelle arrivée d'une bonne tête. Celle-ci la jugea aussi plus âgée qu'elle, sans pour autant parvenir à déterminer son âge exact.
La tsukuyomi resta encore silencieuse quelques instants, se demandant si elle pourrait faire confiance à cette inconnue, ou si lui faire part de sa totale ignorance des lieux ne serait qu'une grave erreur. Elle n'appréciait pas l'idée de révéler sa faiblesse aussi facilement. Puis elle se dit qu'une personne qui aimait assez la solitude pour se promener la nuit sur une plage déserte n'était sans doute pas l'une de ces moutons futiles, hypocrites et vaniteux qu'elle avait connus durant toute sa vie sur Terre.
Lise répondit avec un hochement de tête courtois:

Bonsoir, donc...

Puis la promeneuse demanda si Lise parlait à la lune, alors que la réponse était bien visible. Pourtant, il n'y avait pas de moquerie dans sa voix. Mentir, chercher à dissimuler, ou même disparaître derrière un rideau de ténèbres n'était alors pas la meilleure chose à faire, malgré l'embarras dans lequel la jeune fille fut quelques instants plongé.
Si elle voulait pouvoir faire confiance à quelqu'un il fallait qu'elle même commence par se montrer digne de foi. Elle chercha une réponse à la fois simple et pas non plus trop débile:

Oui, je parlais bien à la lune, c'est... une habitude que j'ai prise.

Lise écouta le commentaire qui suivit sur les qualités d'interlocutrice de la lune, et hésita un instant avant de répondre: devait-elle vouvoyer ou tutoyer? La jeune femme la tutoyait, mais cela était naturel puisque Lise n'était encore qu'une enfant... Elle opta pour un vouvoiement poli, qu'elle cesserait à la première demande dans ce sens.

Elle écoute sans un mot, mais il lui arrive de répondre autrement, en brillant plus ou moins. Vous, vous faites apparaître des flammes... c'est quelque chose d'habituel ici?

C'était un reste d'incompréhension qui perçait dans sa voix. Elle n'arrivait pas encore à se faire à l'idée que, désormais, tous ceux qu'elle rencontrerait possèderaient un don pour le moins surprenant.

Invité

Voir des personnes aussi jeunes sur l'île la surprendrait toujours autant. Il y en avait vraiment chez qui les pouvoirs s'éveillaient si tôt ? Elle, qui n'avait découvert les siens qu'assez tardivement, avait du mal à le comprendre. Ce n'était sans doute pas la meilleure chose qui pouvait arriver à une gamine, de se retrouver paumée ici. Surtout qu'elle avait intérêt à très vite se prendre en main si elle ne voulait pas être totalement perdue dans ce nouveau monde.
Mais au fait, c'était quoi ses pouvoirs à elle ? Voilà un mois et demi que Madison était ici, elle connaissait donc enfin toutes les sortes de dons qui pouvaient exister sur l'île. Le fait que la plus jeune parle seule en pleine nuit, à la lune, lui fit penser qu'il s'agissait d'une Tsukuyomi. Mais cette nuit, la lune était la seule source de lumière dans le ciel d'encre, et si elle était attirée par la lumière, peut-être pouvait-elle être une Ameratsu ? Inutile de se creuser la tête là-dessus, elle savait qu'elle aurait la réponse bien assez tôt.

Pour le moment, la jeune fille affirma qu'elle parlait bien à la lune. Pourquoi donc, se demandait intérieurement Madi ? La lune ne répondrait pas. La plus jeune ajouta que, si elle ne répondait pas, la lune savait très bien briller d'avantage lorsqu'elle lui parlait.
Alors la brunette avait sa réponse, cette gamine était sans doute une Tsukuyomi.
Manipuler les ténèbres, une petite qui avait l'air aussi candide ? Bizarre comme, parfois, les pouvoirs ne s'accordaient pas aux têtes de leur détenteur. Ce n'était pas son cas à elle, avec ses lentilles vermeilles et ses vêtements tout aussi rouges, c'était presque marqué sur son front qu'elle pouvait manier le feu.

Ah, mais la plus jeune lui avait posé une question. Cette dernière regardait avec des yeux ronds la flamme qui servait à la jeune femme de torche. Si c'était quelque chose d'habituel ici ?

"Oh oui, tu te rendras très vite compte qu'ici, tout le monde possède des pouvoirs. Parfois les même que les miens ou que les tiens, mais aussi d'autres choses. Si tu t'ennuyais dans le monde extérieur, je peux t'assurer que ça ne sera pas le cas ici, tu n'aura pas besoin de tout cacher."

C'était vrai que c'était cool de pouvoir montrer ses pouvoirs aux yeux de tous. Et puis autant trouver des point positifs à être enfermée ici, parce que de toute manière, on n'en ressortait pas facilement.
La miss plongea à nouveau ses yeux vermeilles dans le regard violet de la plus jeune.

"Au fait, je suis Madison, mais appelle-moi Madi! Et par pitié, ne me vouvoie pas, ça me donne l'impression d'être une vielle... Et toi ma p'tite, c'est quoi ton nom ?"

Quitte à rester un moment sur la plage, autant le faire avec de la compagnie, d'autant plus qu'elle n'avait pas envie d'abandonner la plus jeune maintenant. Par gentillesse ? Peut-être, après tout ça arrivait à tout le monde d'être sympa de temps en temps. Puis bon, elle n'avait rien à faire, autant aider la plus jeune, qui de toute manière devra faire face à toute cette histoire d'étranges dons seule bien assez vite.

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Lise se sentit tout d'un coup gênée, en remarquant que, toujours, les rayons de la lune se concentraient de préférence sur elle, laissant les alentours à l'abandon. Elle n'avait plus besoin de cette protection pour l'instant, elle se sentait prête à affronter cette nouvelle vie et à repartir de zéro.
Puisqu'il paraissait qu'elle possédait des pouvoirs, elle se concentra et tenta mentalement de parler à l'astre nocturne... Cependant rien n'y fit, les rayons créant toujours le même halo serein autour d'elle. En désespoir de cause, la fille aux cheveux roses tenta de se draper dans un rideau de ténèbres. Cette fois-ci elle réussit, mais la lune n'en brillait pas plus ailleurs.
Dépitée, la nouvelle arrivée baissa la tête, faisant disparaître son voile d'ombre:

Je suis désolée si je monopolise ainsi la lune... Je ne le fais pas exprès, mais je ne sais pas comment arrêter ça. Je pourrai apprendre à contrôler mes pouvoirs, ici?

Madison confirma alors que toutes les personnes présentes sur cette île possédaient un pouvoir ou un autre, qu'il ne fallait plus en avoir honte ni s'en cacher. La jeune fille acquiesça, s'apprêtant donc à rencontrer des magiciens et des magiciennes à chaque coins de rue. Peut-être qu'à la longue on s'y habituait...
Elle se demanda ensuite si cela avait un rapport avec le fait que la lettre se soit adressée à elle en tant que "descendante"...

Qui est le fameux ancêtre à cause de qui nous sommes ici? Sommes nous tous cousins?

Peut-être que si tous les habitants de cette île appartenaient à une même grande famille, ils montreraient pus facilement de la sympathie et de l'entraide les uns pour les autres, espéra la Tsukuyomi. C'était peut-être ce qui avait fait que la jeune fille se soit arrêtée et acceptait de répondre à toutes ces questions...
Madison se présenta. La nouvelle venue s'inclina légèrement:

Je m'appelle Lise. Cela fait longtemps que tu es ici?

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La jeune canadienne jeta un regard à la lune. A présent, plus de doute possible, cette fille-là était bien une Tsukuyomi. Elle ne put s'empêcher de sourire un peu, voir une gamine à cheveux roses pareille pouvoir manipuler les ténèbres, c'était étonnant. Pourtant, en la regardant de plus près, la policière s'aperçut que la plus jeune semblait bien sombre. Peut-être était-ce dû à la confusion de son arrivée sur l'île, après tout, qui n'avait pas été surprit en se retrouvant ici ? Toutefois, la jeune fille ne souriait pas, et malgré ses drôles de cheveux roses, elle ne semblait pas être de ses ados qui passent leur temps à rire et à s'amuser. Peut-être que son pouvoir était à l'image de son esprit allez savoir... Cette petite-là était la première Tsukuyomi qu'elle rencontrait sur l'île, et ses pouvoirs semblaient être bien intéressants.
Mais la question n'était pas là. C'était pas le moment de lui demander ce dont elle était capable, elle-même n'était peut-être pas au courant.

La plus jeune semblait réfléchir. Madi ne dit rien, consciente que ce changement n'était pas facile. Puis la jeune fille se mit enfin à parler. Elle lui posa la question que tout le monde avait posé au moins une fois depuis l'arrivée sur l'île; qui était donc cet ancêtre ? Madison hocha les épaules en soupirant. Si seulement elle le savait. Chacun avait son petit avis sur la question, mais pas un ne rejoignait l'autre. Ici, tout le monde était logé à la même enseigne, personne ne savait rien.

"Je t'avoues que je ne sais pas vraiment... Tu sais, tous ceux que tu rencontreras sur l'île ont subi la même chose que toi; on s'est tous retrouvé ici sans vraiment savoir pourquoi. Bien sûr, tout le monde s'est un jour posé la question de savoir qui était la personne qui nous nommait descendants dans cette foutue lettre, mais personne ne le sait. Moi aussi, de mon côté je cherche, mais c'est pas facile. Tu pourras bien demander à d'autres, ils te diront sûrement ce qu'ils en pensent, c'est ce que j'ai fait, mais tu te rendras très vite compte qu'au fond, personne ne sait de qui il s'agit."

Peut-être même que cet ancêtre se trouvait lui aussi sur l'île ? C'était plus que probable d'ailleurs, mais il était encore trop tôt pour s'avancer.
Par la suite, Madi se présenta, et la plus jeune en fit de même. Elle s’appelait Lise.

"Enchantée, Lise donc"

Hm ? Si elle était ici depuis longtemps ? Depuis plus longtemps qu'elle, c'était sûr, mais pas depuis énormément de temps non plus.

"Moi, je me suis retrouvée ici il y a un mois et demi à peu près... Mais j'ai l'impression que ça fait bien plus longtemps tant la vie à rapidement repris son cours."

Pour Lise, ce serait sans doute pareil, elle aura intérêt à s'y faire très vite si elle voulait tenir le coup.

"Tu faisais quoi dans la vie avant d'arriver ici ? Tu étudiais, tu bossais ? Parce que tu devras tout reprendre assez vite..."

C'était tellement rare de ne pas mentir, de ne pas essayer de manipuler que la jeune femme avait du mal à s'entendre parler honnêtement, mais qu'importait. Si la plus jeune en avait besoin, elle pouvait toujours l'aider un peu.

Invité

Madison confia son ignorance quant à l'identitéde ce fameux ancêtre. Elle xpliqua même que tous les habitants de cette île l'ignoraient aussi, mais elle menait des recherches pour trouver une réponse. Elle mentionna aussi à nouvau le feait que toutes les personnes qui échouaient ici étaient arrivés de la même manière, kidnappés dans un sac, ne se souvenant de rien, et découvrant cette étrange lettre.
Lise baissa les yeux, jouant avec une poignée de sable qu'elle venait de ramasser. Elle ne comprenait pas pourquoi tous ces gens acceptaient calmement leur destin, sans que celui-ci ne leur soit expliqué. Au fond, elle-même n'avait aucun intérêt à se rebeller, ici ou ailleurs elle supposait que la vie serait à peu près la même et elle ne tenait pas spécialement au monde dont elle venait. Néanmoins elle n'aimait pas garder des questions en suspens.

Est-ce que certaines personnes ont essayé de s'enfuir? Que leur est-il arrivé? Et y a-t-il des responsables, des gens qui ne viennent pas de notre monde?

Puis la Tsukuyomi se souvint de la fin de la lettre. Sa présence ici avait pour but de la protéger et de protéger l'équilibre du monde. Ceci, au moins, était assez facile à comprendre. Si monopoliser la lune n'est pas encore trop grave, peut-être que des gens comme Madison, qui manipulent le feu, auraient pu avoir plus de soucis sur terre.

Madison disait n'être pas là depuis bien longtemps non plus, mais que la vie était palpitante. Ceci rassura Lise, qui craignait de e morfondre à nouveau. La brune lui demanda ensuite ce qu'elle faisait avant d'arriver.

Une joallière m'avait prise comme apprentie...

La jeune fille tenta de camoufler l'espoir dans sa voix, peut-être que Madison saurait l'aider à reprendre son travail...

Invité

Bien sûr, Lise était curieuse. Qui ne l'avait pas été après tout? Se retrouver ici, du jour au lendemain, sans aucune autre explication que la lettre, ça avait déboussolé tout le monde, les plus jeunes comme les plus vieux. Certains avaient eu la chance de trouver directement un autre habitant qui pouvait expliquer ce qu'il savait, d'autres avaient été complètement perdus pendant un long moment.
Mais, si on oubliait cette histoire de pouvoirs et d'ancêtres, c'était aussi une nouvelle vie qui recommençait. Autant, pour certains, ça pouvait être une libération, si leur vie dans l'autre monde avait vraiment été pourrie, autant pour d'autres, c'était difficile à accepter. Elle, elle faisait partie de ces autres. Madi était très bien dans le monde extérieur, elle y avait même une petite vengeance à accomplir contre une certaine personne. Alors se retrouver prisonnière ici parce qu'un ancêtre qu'elle ne connaissait même pas croyait que c'était mieux pour elle, ça ne lui avait pas trop plu. Et puis heureusement qu'elle avait été débrouillarde, parce que c'était quelque chose d'indispensable sur cette île. Bien sûr, elle ne se la jouait pas Robinson Crusoé, toute la ville était à sa disposition, mais rien que le fait de débarquer dans un environnement nouveau, duquel on ne connaissait rien, et de devoir recommencer très vite une nouvelle vie, c'était pas si facile que ça. Plus encore pour les jeunes.

Mais sûrement que Lise était étudiante. La plupart des jeunes qu'elle avait rencontré ici étaient à la cité scolaire, et continuaient tranquillement leurs études. Et comme Lise semblait encore très jeune, Madison en vint à la conclusion qu'elle était sûrement une étudiante, voire une lycéenne.

Aussi, sa réponse l'étonna. Apprentie joaillière ? Voilà quelque chose d'original... Elle chercha rapidement dans sa mémoire, avait-elle déjà vu un joaillier sur l'île ? Dans ses souvenirs, non...
Même si Lise parlait calmement, la canadienne aperçut rapidement son regard plein d'espoir. Elle avait besoin d'aide, pas de doute là-dessus. Restait à savoir si Madi allait l'aider, et comment.
Au fond, elle s'était préparée à cette éventualité dès qu'elle avait engagé la parole à la plus jeune, si cette dernière était bien une nouvelle, sûrement qu'elle allait demander de l'aide. Si ça l'aurait vraiment embêté, elle ne lui aurait même pas parlé, maintenant qu'elle s'était engagée, autant le faire jusqu'au bout. Mais comment l'aider ?

"Apprentie joaillière donc..."

La policière réfléchit un moment.

"Déjà, j'ai l'honneur de t’annoncer que tu vas très vite perdre ton statut d'apprentie. Sauf si tu trouve un autre joaillier dans la ville, ce qui m'étonnerait, je n'en ai encore jamais vu. Mais c'est une bonne nouvelle pour toi, tu n'auras pas de concurrence... Bref, tu l'a compris, si tu veux continuer dans la joaillerie, il faudra travailler de suite à ton compte pour vendre ce que tu fais."

Bien sûr, dit comme ça, ça pouvait faire peur, et le but de la brunette n'était pas d'effrayer Lise sur l'avenir, simplement de lui dire la vérité.

"Mais t'inquiètes, à ta tête, ça se voit que t'es une battante, tu vas pas te laisser submerger facilement toi. Tu étais apprentie depuis combien de temps?"

C'est sûr que si elle l'était depuis trois jours, elle aurait plus de soucis à se faire...

Invité

De toutes les personnes qui ont atterri sur cette île, il semblerait que la Tsukuyomi était la seule à avoir eu l'idée extravagante d'exercer le métier de joaillière. Comme le disait Madison, cela pouvait être une bonne nouvelle, puisqu'elle n'aurait pas la moindre concurrence et que tous ceux qui auront besoin de bijoux devront s'adresser à elle... Cependant cela signifierait aussi qu'il n'y aurait personne de qui elle pourrait apprendre, ni aucun rival dont l'émulation pourrait être positive.

De plus; la jeune fille n'était pas sûre de vouloir devenir rapidement connue, ce qui ne risquerait pas de manquer si ce qu'elle fabriquait était de qualité. Et elle avait intérêt à ce que ce soit le cas, sinon elle devrait se résoudre à mendier, ou apprendre un autre métier ou commencer des études. Mais Lise appréciait les pierres et les métaux.
Elle tenterait d'ouvrir une boutique, de vendre un peu de marchandise, et puis si cela ne fonctionnait pas... Elle devrait bien pouvoir se reconvertir.

Madison complimenta Lise, qui ne put s'empêcher de rougir. Elle ne pensait pas se définir comme une battante, en tout cas pas quand il s'agissait de ses intérêts. Mais peut-être que la brune avait raison, elle avait dû voir beaucoup de cas semblable sur cette île, et savait de quoi elle parlait.

Cela fait un an que je suis apprentie. Et toi, quel est ton métier?

La Tsukuyomi s'imagina un instant le visage de la femme qui l'avait recueillie, quand le soleil se lèverait. Elle serait sans doute inquiète de ne pas trouver son apprentie, inquiète pour sa sécurité, puis elle croirait qu'elle a fugué et s'en voudrait.
Lise commença à culpabiliser.

Je peux envoyer une lettre d'ici?

Invité

Ah, les joies de se retrouver complètement perdue... Madison avait connu ça aussi, comme tous les autres. Il n'y avait rien de pire que de se retrouver toute déboussolée, du moins pour quelqu'un comme elle qui avait toujours aimé tout contrôler. Les premières heures après s'être réveillé sur l'île étaient de loin les pires. Se demander si on n'est pas en train de rêver, puis comprendre que non, puis douter à nouveau tellement tout ça est étrange, comprendre que ce n'est pas possible de rêver aussi longtemps, même si on aurait bien aimé, c'était pas ce qu'il y avait de mieux. Après, peut-être que les autres avaient mieux vécu leur arrivée sur l'île, elle se souvenait de la première personne qu'elle avait rencontré ici, ce fameux vétérinaire qui lui avait dit qu'il appréciait carrément sa nouvelle vie. Bien sûr, elle non plus n'avait pas à se plaindre de cette vie nouvelle, qui n'avait rien à envier à l'ancienne. Mais savoir qu'on ne lui avait même pas demandé son avis avant de l'emmener ici, qu'elle n'avait aucun choix, ça lui avait nettement moins plu.

Les mots de Lise la ramenèrent à la réalité. Voilà un an que la plus jeune était apprentie. Elle ignorait combien de temps durait l'apprentissage des joailliers en général, mais un an, ça devait être largement suffisant pour acquérir les bases. N'empêche que le plus dur était encore à faire. C'était bien gentil d'être apprentie, mais si elle n'était pas capable de travailler à son compte, elle devrait vite trouver une autre voix.
Par la suite, la plus jeune lui demanda quel était son métier à elle.
Que faire ? Lui dire la vérité ou non ? Elle savait d'expérience que les gens réagissaient parfois bizarrement quand on leur annonçait qu'on était flic. Entre ceux qui se prosternaient en chantant ses louanges parce qu'elle était leur sauveuse et ceux qui craignaient qu'elle ne les foute en prison pour le moindre papier jeté par terre, c'était pas facile tous les jours.

"Moi, je traque les méchants."

Et elle ne dit rien de plus. Peut-être que la plus jeune comprendrait, peut-être que non.
Lorsque Lise lui demanda si elle pouvait envoyer une lettre à l'extérieur, la canadienne hocha la tête.

"Yep. Tu peux rester en contact avec qui tu veux."

Là encore, une autre question se posait à elle. Allait-elle lui annoncer qu'il ne fallait absolument pas parler de cette île ou non ? Madison soupira, avant de reprendre la parole.

"Mais je ne te conseille pas de leur dire dans quel pétrin tu t'es fourrée ici, rassure-les, dis-leur que tu vas bien et rien de plus."

Au bout de plus d'un mois sur l'île, elle avait vite compris que parler de cet endroit à quelqu'un de l'extérieur était la pire des idées possibles.

Invité

Madison annonça que son rôle sur cette île était de chasser les méchants. Pendant ses quelques heures toute seule sur la plage, Lise s'était déjà construit une petite image d'Awashima. Elle s'imaginait qu'il s'agissait d'un havre de paix rassemblant de nombreuses personnes ayant souffert dans leur vie d'avant à cause de leurs pouvoirs. Si ces personnages partageaient un passé plus ou moins semblables, il semblait naturel à la jeune fille qu'elle fissent preuve les unes envers les autres d'un peu d empathie ou de bienveillance. Elle s'imaginait un monde idéal où les ressemblances entre les habitants étaient un prétexte à une constante entraide, contrairement à la terre dont elle venait. Quitte à abandonner un monde qu'elle n'appréciait pas vraiment, autant rêver en découvrir un bien meilleur.
Cependant ces rêveries ne laissaient aucune place à un quelconque méchant.

La Tsukuyomi laissa passer un moment de stupéfaction, les yeux écarquillés. La réponse qu'elle laissa maladroitement échapper lui sembla bien trop naïve. Elle s'en voulut aussitôt de laisser croire qu'elle n'avait que six ans d'âge mental:

Ah bon? Il y a des méchants ici aussi?

La nouvelle arrivée sur l'île tenta de faire diversion pour qu'on oublie sa bévue. Elle commença doucement à se mettre en route, s'éloignant peu à peu du rivage pour se rapprocher des lumières qu'elle pouvait distinguer au loin. Il s'agissait sans doute d'une ville, et il était bien plus probable qu'elle fasse vie là bas que sur cette plage.

La justicière brune confirma que Lise n'était pas entièrement coupée du monde extérieur. Cette dernière sourit, soulagée de pouvoir prévenir sa patronne qu'il n'y avait rien de grave. Cependant il semblerait qu'elle n'ait pas le droit d'expliquer la raison de sa disparition.
La Tsukuyomi pouvait s'imaginer quelque peu les bienfondés de cette décision, néanmoins elle se dit qu'il valait sans doute mieux ne pas contrevenir à une loi édictée par celle chargée de pourchasser les méchants.

Je prendrai garde à ce qu'elle ne puisse se douter de rien.

Il lui faudrait donc inventer une petite histoire. Cela faisait de la peine à la jeune fille de mentir à la seule personne qui lui avait montré de la bienveillance dans son ancienne vie, cependant cela était pour son bien. Peut-être qu'en mettant un peu d'ombre sur le mensonge elle le rendrait plus crédible... Cela vaudrait le coup d'essayer.

Invité

C'était peut-être dur à accepter, mais c'était ainsi. La plus jeune se rendrait bien vite compte qu'on ne pouvait pas tout dire de l'île. Bien au contraire, parce que la moindre bévue était punie ici. Autant la prévenir tout de suite, ça lui éviterait d'éventuels problèmes.
Au fond, elle ignorait si cette gamine était mature ou non pour son jeune âge. Elle lui semblait pourtant bien sombre, comme si elle n'avait pas vécu que des trucs joyeux, et du coup, elle semblait un peu plus aguerrie que les jeunes de son âge. Pourtant, ces mots faisaient parfois penser à la policière qu'elle était, à l'inverse, beaucoup plus naïve. S'il y avait des méchants sur cette île ? Des méchants, il y en avait partout, et l'île était constituée de gens qui venaient d'un peu partout; comme dans le vrai monde, il y avait de tout ici. Et de tout, ça signifiait aussi des méchants.
Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire quand elle vit la plus jeune écarquiller les yeux en lui demandant d'un air ahuri s'il y avait vraiment des méchants ici, mais elle se contenta de hocher la tête en guise de réponse. D'un côté, heureusement qu'il y avait des méchants, ça lui permettait de faire son boulot.

Lorsque Lise décida de quitter un peu la plage pour se rapprocher des lumières de la ville, la brunette la suivit. La plus jeune ajouta ensuite qu'elle prendrait garde à ce qu'elle mettrait dans sa lettre, ce qui était une bonne idée.

"Tu sais, moi-même j'ignore pourquoi on ne doit en parler à personne dans le monde extérieur, à croire qu'on est une espèce de secte... Mais, dans tous les cas, je suis désolée de te dire que, même si peux leur écrire, tu peux faire une croix sur l'espoir de revoir tes proches. Du moins, pas avant longtemps; mais ça, tu as du le comprendre dans la lettre pas vrai?"

Autant la prévenir de tout, si ce n'était pas elle qui lui disait, un autre s'en occuperait de toute manière.
A présent qu'elles s'étaient un peu rapprochées de la ville, et qu'on y distinguait mieux les lumières, Madison fit disparaître la flamme qui était toujours entre ses doigts.

"Voilà, je crois que tu sais à peu près la base de la base de la vie ici."

Dit-elle en regardant le ciel complètement sombre. Puis elle avisa à nouveau la plus jeune, et en profita pour lui poser une nouvelle question.

"S'tu veux, j'peux te faire une visite guidée de la ville, mais il commence à se faire tard, c'est comme tu veux. Ah et au fait, tu sais où dormir ce soir?"

Sûrement que non, si elle venait d'arriver à Awashima.

"Si tu n'a vraiment nulle part où aller, tu peux passer la nuit chez moi, ça t'évitera de dormir sous les ponts. A moins que tu ne veuilles rester sur la plage encore un moment, perso ça me dérange pas, il y fait bon."

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Lise s'interrogea sur le sourire qu'elle vit naître sur les lèvres de Madison lorsque l'enfant fit preuve de naïveté. Etait-ce un sourire de compréhension, de pardon ou de moquerie? Elle opterait plutôt pour la première solution, du moins d'après l'image qu'elle s'était construite de son interlocutrice après leurs quelques minutes de discussion.
Non seulement les personnes arrivants sur Amishawa ne connaissaient pas les raisons qui les y avaient menés, mais encore ils ne savait pas non plus pourquoi ils devaient garder un silence absolu sur cette île. Et enfin, ils ne pourraient jamais revoir leur famille ou leurs amis.
La Tsukuyomi s'assombrit. Elle n'aimait pas tout ce mystère, et elle appréciait encore moins qu'on lui dictât ce qu'elle devait faire sans lui donner la moindre explication. Néanmoins, si elle devait rester coincée pour tout le reste de sa vie sur cette île, ce n'était pas la meilleure idée de jouer à la forte tête. Elle se promit de mener des recherches de son côté dès qu'elle se serait un tant soit peu intégrée et qu'elle en aurait l'occasion.

Je tâcherai de m'y faire dans ce cas...

Lorsque les nombreuses lumières de la ville furent en vue, Madison fit disparaître la flamme qui flottait au dessus de sa main. Lise, qui avait passé la plus grande partie de sa vie à la campagne, admira les bâtiments, et essaya de s'imaginer comment elle parviendrait à s'entendre bien avec cette multitude de voisins.

Merci beaucoup!

La brune lui proposa alors de lui faire visiter la ville, et de l'héberger pour la nuit si elle n'avait nulle part où aller. La Tsukuyomi ne réfléchit pas bien longtemps: certes elle appréciait la lune mais elle n'était pas sûre que ce serait suffisant pour la convaincre de passer une nuit seule sur la plage, même si le temps était doux. Peut-être qu'elle tenterait cette aventure plus tard, lorsque ce monde lui serait plus familier.

Je voudrais bien visiter la ville, sauf s'il est trop tard pour toi. Je n'ai effectivement nulle part où aller... Demain je verrai comment me chercher un logement.

Il était hors de question qu'elle abuse de l'hospitalité de Madison, elle se ferait la plus discrète possible et, dès qu'elle le pourrait, elle lui offrirait un cadeau pour la remercier.

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Madi se demanda distraitement quelle heure il pouvait être. Il n'y avait plus aucune trace de lumière dans le ciel maintenant complètement sombre, à part la lune. La nuit était tombée depuis longtemps, et elle ne serait pas étonnée qu'il soit déjà minuit. Mais qu'importait. Maintenant qu'elle s'était proposée d'aider la plus jeune, autant rester jusqu'au bout. Si cette dernière voulait visiter la ville dès maintenant, elle n'y verrait aucun inconvénients, bien au contraire, ça ferait une balade nocturne et c'était toujours agréable.
Elle proposa donc à Lise de lui faire visiter la ville, ou bien alors de l’héberger pour la nuit, car elle devait sûrement être sans logement pour le moment. Sa réponse ne se fit pas attendre, elle préférait visiter la ville. Et puis la brunette avait vu juste, elle n'avait pas encore de maison.

"T'inquiète pas, si je te l'ai proposé, c'est que ça me dérange pas, puis c'est toujours cool une marche au clair de lune non ?"

Dit-elle en regardant justement la pleine lune. C'était marrant comment cette dernière semblait surveiller la plus jeune, qui était une véritable Tsukuyomi, plus de doutes possibles.

"J'allais pas te laisser passer la nuit dehors hein..."

Elle était flic quand-même, si elle laissait la plus jeune livrée à elle-même et qui lui arrivait quelque chose dans la nuit, niveau culpabilité ça l'aurait pas fait. Même si elle était plutôt du genre menteuse, manipulatrice et même un peu odieuse, elle ne voyait pas l'intérêt d'être une garce avec cette gamine; elle l'aimait bien. Puis elle savait mieux jouer sur les masques que n'importe qui d'autre, et c'était amusant de voir que jamais deux personnes ne la voyaient de la même manière.
Bref, donc direction la ville! La canadienne réfléchit par où elle pouvait commencer.Il y en avait des choses à visiter sur l'île, puis elle avait été bête de lui dire qu'elle allait lui faire visiter la ville, parce qu'elles n'y étaient pas encore.

"On n'est pas dans la ville principale, ici, on est à Ikazuchi; un village. Je pense que c'est une bonne idée de te le faire visiter aussi, de toute manière tu sera bien forcée de tout connaître, tu viens?"

Et puis elles seraient bien obligées de traverser ce village pour se rendre à Amishawa, autant en profiter pour le lui faire connaître, mais avant cela, Madison jugea bon de lui parler un peu des trois zones habitables.

"Dis-toi qu'il y a trois endroits ou tu peux vivre. Comme je l'ai dit, ici, on est à Ikazuchi. Moi, j'habite à Amishawa, la grande ville qui se trouve un peu plus loin. A côté de celle-ci se trouve la cité scolaire qu'on appelle Kousha, pour le reste, il y a la grande forêt, le Mont Machin que tu vois au loin là-bas, j'oublies toujours son nom et encore tout plein d'autres trucs. Je t'avoues que moi non plus je connais pas encore tout ici. Allez, en route! On est forcées de traverser ce village si on veux se retrouver à Amishawa."

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Au fond, Lise était rassurée que Madison ait proposé de veiller sur elle, elle n'était pas sûre de parvenir à s'en sortir seule. Elle ne savait même pas si elle aurait eu le courage de quitter la plage pour se rendre dans une quelconque ville, même dans la plus petite qu'elle aurait pu trouver.
La seule chose qui la motivait, à part peut-être comprendre ce qui lui arrivait, maintenant que la nouvelle venue avait à peu près repris ses esprits, était de retrouver un travail semblable à celui qu'elle avait dans sa vie d'avant.

C'est vraiment gentil à toi.

En farfouillant distraitement dans l'enveloppe qui contenait la lettre qu'elle avait lue et relue, la Tsukuyomi sentit une clef sous ses doigts. Elle resta un instant pensive, puis choisit de n'en parler à la policière que plus tard. Elle supposa que celle-ci saurait lui indiquer ce qu'ouvrait cette clef, néanmoins elle préférait profiter d'abord de cette visite nocturne de la ville.

Lise hocha la tête, telle une élève studieuse, aux indications de Madison sur la topologie générale de l'île. Peut-être que, au début, tous ces noms se mélangeraient dans sa tête, mais elle ferait en sorte d'y voir claire dès le début, elle n'avait pas l'intention de se perdre si elle devait voyager seule.

Je te suis.

Elle se mit aussitôt en route, suivant sa guide.

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La plus jeune lui dit qu'elle était prête à la suivre et Madison se mit en route. Mentalement, elle avisa la distance qu'elles auraient à parcourir entre e village d'Ikazuchi et la grande ville d'Amishawa. C'était quand même pas tout près pensa-t-elle en jetant un regard à Lise.

"J'espère que tu n'es pas trop fatiguée, parce qu'on va marcher un moment avant d'arriver."

Puis elle se remit en route, toujours accompagnée de la plus jeune. Quelques instants plus tard, elles arrivaient au beau milieu du village, qui n'était pas très grand.

" Comme je t’ai dit, ici ce n’est qu’un petit village alors il n’y a pas grand-chose. Là, c’est les habitations du bord de mer, un peu plus loin, le centre ville ainsi que le parc et je crois que c’est tout. Y’a pas grand-chose à voir ici à cette heure-là, alors on va tout de suite tracer vers Amishawa, ça te va ? "

Parce que la nuit était déjà tombée depuis longtemps, il était assez tard et le chemin jusqu'à Amishawa était encore long, autant s'y mettre maintenant.
Bien sûr, la jeune canadienne ne comptait pas rester silencieuse en chemin. Lorsqu'elle était face à un ou une inconnue, elle aimait bien lui poser un grand nombre de question. C'est toujours pratique de bien connaître les gens pour la suite. Elle savait déjà que la plus jeune était apprentie joaillière, mais qu'elle avait plutôt intérêt à devenir rapidement joaillière véritable si elle voulait bien gagner sa vie ici. Elle savait aussi qu'elle était une Tsukuyomi, même si elle semblait encore ignorer pas mal de ses pouvoirs.

"Dis-moi... tu ne sais pas encore contrôler tes pouvoirs pas vrai ? Tu m'as dit tout à l'heure que tu pouvais influer sur la lune, mais sans en avoir vraiment le contrôle pour le moment, pas vrai ? Je te l'ai déjà dit, mais ici, tout le monde sait faire un truc; que ce soit manipuler le feu, ou l'eau, ou l’électricité et ainsi de suite... Je pense que tu devras aussi apprendre à maîtriser les tiens assez rapidement, c'est toujours plus sûr dans un endroit comme celui-là. Je dis pas que l'île est plus dangereuse que l'autre monde hein, mais bon on sait jamais."

Autant la mettre au courant de tout, même si c'était pas forcément rassurant à entendre pour une nouvelle arrivée. Ici, vu que tout le monde maîtrisait quelque chose, c'était quand même plus sûr de savoir bien maîtriser sa magie.

"Mais ne t'inquiète pas, je suis sûre que tu y arriveras facilement. Déjà tu n'auras plus besoin de te cacher pour utiliser ta magie, puis avec un peu de chance, tu pourras trouver un Tsukuyomi qui t'aideras à mieux comprendre tes pouvoirs. Et puis plus le temps passera, plus tu apprendras à mieux t'en servir, c'est ce qui s'est passé pour moi."

[HRP: Désolée pour ma réponse toute nulle, j'ai eu une p'tite panne d'inspi' ^^ ]

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Ce ne fut que lorsque sa guise souleva la question de la fatigue que Lise découvrir qu'elle se sentait la force d'effectuer une longue randonnée. Sans réellement savoir ce qu'elle faisait, elle concentra son regard sur les rayons de lune qui l'entouraient. Elle agissait inconsciemment, comme mue par un réflexe. Et aussitôt,un peu de lumière lunaire se solidifia au creux de sa paume, prenant la forme d'un fruit mûr.
La Tsukuyomi tendit cette pomme irisée à Madison:

Je me sens en pleine forme... Et toi?

La nouvelle arrivée n'osa pas formuler clairement son offre, consciente que la pomme pourrait paraître bizarre.

Elles arrivèrent assez vite dans le village, que Lise observa avec curiosité. Finalement, il ne lui semblait pas dépaysant avec ses maisons, ses petites boutiques et ses jolies ruelles bordées d'arbres... Mais il était déjà temps de remettre en route

Bien sûr que cela me va!!

Puis la policière mentionna les pouvoirs de sa protégée. Celle-ci baissa la tête, pensive. Elle revoyait Madison manier les flammes comme si c'était aussi naturel pour elle que de respirer..

Non, je ne maîtrise pas mes pouvoirs... J'interagis avec la lune et avec l'ombre, mais sans savoir ce que je fais, pourquoi, et quels en seront les résultats. Est-ce qu'à Amishawa il existe un endroit où je pourrai développer mes pouvoirs et m'entraîner à les utiliser?

Mais Lise n'était pas inquiète, malgré tout. Comme la canadienne le précisa, ceci était normal, dans un premier temps.
La Tsukuyomi hocha la tête, reconnaissante.

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