♦ Soul War Saphir Akari ▬

Soul passe certainement pour la pureté incarnée, avec ses cheveux d’une blancheur effarante, et son visage empli d’une douceur entièrement feinte. Effectivement, la jeune fille récemment majeure possède une longue chevelure teinte dans un blanc quasi-parfait, alors qu’à l’origine, elle s’avérait être une belle brune aux yeux tout aussi noirs. Cette pâleur étant une manière de se laver de l’impureté de son passé, elle n’hésite pas à la refaire lorsque, par malheur, elle commence à s’envoler, laissant des mèches sombres transparaître dans cette robe angélique. Soul se considère ainsi comme entièrement pure, nettoyée de toute trace, et s’applique même à oublier ce qu’elle a fait précédemment.

Soigneusement cachées, sous cette plaque de cheveux se cachent deux pierres précieuses d’un jaune éclatant, semblant néanmoins gris à la lumière du soleil. A l’origine aussi sombres que la nuit, elle a préféré y déposer des lentilles changeant de couleur au gré de l’astre solaire. Un cran plus bas se trouve un nez fin, ni trop gros ni trop petit pour éviter de lui donner l’air ridicule. Suivi de près par une bouche légèrement pulpeuse, mais qu’elle mordille trop, le stress l’en obligeant presque. Ses joues sont légèrement rondes, juste assez pour qu’elle évite l’aspect hamster ou anorexique. En résumé, Soul n’est pas tellement laide, juste … Pas assez mise en valeur ?

Le plus gros soucis physique que cette petite a est certainement la marque dans son dos, de chaque côté de sa colonne vertébrale. Elle dit que c'est une trace de naissance, qu'elle n'a jamais rien fait pour avoir cette chose, qui, malgré tout, semble une marque passée au fer rouge. Elle n'avouera jamais la réelle cause de cette blessure.

Toute fine et frêle, elle paraît extrêmement fragile au premier abord, alors qu’en réalité, elle s’avère être d’une dureté difficilement égalée. Ses bras ne sont pas assez forts pour lui permettre de soulever sans l’aide de sa « Clé » plus de trente kilos, et ses jambes soutiennent à peine son poids – soit environ 40 kilos, pour 1m64 – après qu’elle ait fait un effort physique, comme par exemple une vingtaine de minutes de course endurée. Elle compense son peu de force par sa vitesse, et s’aide de sa petite taille pour se glisser dans tous les recoins qu’elle peut, appréciant peut-être trop la solitude. Sa poitrine est juste assez développée pour qu’elle se sente offusquée si on la confond avec un garçon androgyne, et insultée si on lui demande son âge. Certes, elle a eu récemment dix-huit ans, mais tout de même, elle n’est pas si infantile !

La tenue de prédilection de Soul se compose d’un short plutôt clair, et d’un haut lâche, une des manches s’égarant sur son bras au lieu de couvrir totalement son épaule. De plus, elle porte généralement un collier de perles noires, incapable de s’en séparer. Elle y tient autant qu’à la prunelle de ses yeux, pour des raisons qui seront expliquée dans l’histoire. Autour de son cou, parfois, une écharpe de soie blanche est enroulée, les pans se glissant jusqu’aux cuisses de la jeune femme. Elle prend plaisir à en tripoter le tissu, ça la détend un peu.

Et enfin, le plus grand atout de Soul : sa voix. D’une douceur incroyable, suffisamment pour qu’elle se permette de chanter aigu, elle est donc son premier objet de travail, et elle n’hésite plus à chanter en public, bien que, dans ces moments-là, son rythme cardiaque s’accélère, et ses joues se teintent d’une fine couche de rose pâle. Cristalline, sa voix lui a permis d’intégrer la division Musicale, ce qui, pour elle, est en grande partie tout ce qu’elle pouvait espérer.

Soul porte une attention particulière à ses prénoms. Tous ont une signification particulière, tous ont été choisis admirablement bien pour elle. Comme si le destin avait décidé pour elle.

Soul ▬ Parce qu’elle n’est plus qu’une âme errante, faussement joyeuse. Tout s’entend dans sa voix. Le désespoir d’être encore en vie, le faux espoir de pouvoir se pardonner ses péchés. Soul pour une âme brisée, Soul pour une âme déchirée, Soul parce qu’elle n’est plus que ça, enfermée dans une carcasse étroite et tâchée de ses péchés.

War ▬ Elle n’a pas réellement fait la guerre, mais elle s’est battue, pour ses rêves. Le grand classique, ses parents n’étaient pas de son avis, mais elle n’a pas lâché le morceau, elle a guerroyé pour finir dans cette école, malgré le désaccord de ses géniteurs. Alors elle se considère comme la guerre, elle a décidé que désormais, son esprit n’était qu’un champ de bataille où elle se battait contre elle-même, contre la partie d’elle qui se détestait.

Saphir ▬ Une pierre magnifique, en premier choix. Un prénom cristallin, pour aller avec une voix cristalline. La partie pure de sa personne, elle a toujours été fascinée par cette pierre précieuse, et prend plaisir à se faire appeler ainsi. Saphir parce que, malgré tout, un semblant de ciel rayonne en son for intérieur, comme un peu d’espoir dans toute cette noirceur dissimulée.

Mais il ne faut pas croire que Soul se cantonne à n’être que trois prénoms. Non, bien sûr que non. De plus, tout n’est pas sombre en elle, il existe une Soul rayonnante de bonheur. Parlons-en.

Expressive ▬ Malgré sa manie de se cacher derrière un faux sourire, elle reste très expressive, n’hésitant pas à peindre un air vexé lorsqu’une remarque désobligeante sur elle-même est perçue. Le principal de ses émotions transparaissait dans ses yeux, avant qu’elle ne décide d’y apposer des lentilles, qui retirent cet effet trop brillant. Mais, parfois, elle les retire et, ainsi, on peut voir ce qui se cache à l’intérieur de cet abysse noir.

Impulsive ▬ Peut-être un peu trop, d’ailleurs. Elle réagit violemment trop rapidement, sans pouvoir s’en empêcher. Elle a même déjà frappé quelqu’un de sa maigre force, pour se venger d’un commentaire inutilement méchant en rapport avec sa chevelure blanche. Elle déteste qu’on la critique, ce qui n’est pas très bon, si on prend en compte que le monde de la musique n’est pas tout rose.

Susceptible ▬ En harmonie avec le trait de caractère susdit, la chanteuse est extrêmement susceptible, son pauvre petit cœur s’affolant à l’idée que X personnes aient une dent contre elle. Ses réactions en sont parfois très infantiles, ce qui lui vaut en général d’autres remarques agressives. La plupart du temps, elle s’enferme dans un cocon quand elle atteint la limite du self-control. Après ce stade vient l’implosion, elle serre les dents pour se contenir, mais réplique tout aussi méchamment sans hésitation. La faire littéralement exploser, par contre, est plus dur.

Fausse ▬ Un adjectif très vaste, qui est, ici, utilisé pour dire qu’elle ment un peu trop sur elle-même. Désirant cacher son passé, elle s’est inventé toute une vie pour ne pas être jugée, effrayée à l’idée qu’on la rejette pour le simple fait qu’elle ait commis de nombreuses erreurs dans sa jeunesse. De plus, malgré son visage plein de vie, elle n’hésite pas à dire que tout va bien alors que ses joues seraient trempées de larmes.

Gamine ▬ Sans qu’elle s’en rende compte, Soul est très enfantine. Gonflant les joues et croisant les bras pour manifester son mécontentement, dire qu’elle est mature pour son âge est un mensonge éhonté, bien qu’elle s’imagine qu’effectivement, c’est le cas. Détestant qu’on lui refuse quelque chose, elle écrase très souvent les pieds de ceux qui lui disent non, sauf, évidemment, s’ils sont des membres du personnel, ou tout simplement que ça lui attirerait des ennuis.

Anglaise ▬ Pardonne le terme, je ne veux en aucun cas dire qu’elle mange du beefsteak à chaque repas, simplement qu’elle parle très souvent anglais, malgré l’endroit où elle se trouve, en l’occurrence une île en Asie. Jurant dans cette langue lui permet en général d’échapper à des grands yeux agrandis de surprise.

Intelligente ▬ Eh oui, il n’y a pas que du négatif chez Soul. Elle est très intelligente, et se sert de cet atout très souvent. Calculant les probabilités d’être satisfaite en quelques minutes, la chanteuse peut même passer comme une jeune femme manipulatrice.

Ignorante ▬ En contraste avec sa vivacité d’esprit, elle est ignorante des coutumes japonaises, et des relations sociales en général. Ayant passé sa vie à travailler à domicile, elle n’a jamais eu d’amis et donc ne sait pas comment se comporter dans un lieu public. Ce qui la fait paraître assez stupide, en réalité.

Résumé ▬ En gros, en omettant son côté torturé et dissimulé aux yeux des autres, Soul est juste une adolescente récemment majeure, qui ne sait pas trop comment être avec les autres, et qui passe donc pour une petite idiote trop timide.

Broken past, wind of futur.

Monstre, erreur. Inhumaine, créature. Tous ces mots qui t’ont été jetés à la figure, tous ces mots que tu as dû supporter pendant de nombreuses années. Dès le début, tu savais que tu étais différente, que tu n’aurais jamais des amis qui t’accepteraient. Alors tu ne dis rien, tu enduras chacune de leur parole blessante, chacune de leur injure provocante. Mais tu n’avais que quatorze ans, tu n’étais pas endurante. Tu mourrais d’envie de te servir de cette anormalité pour leur fermer le clapet. Tu aurais pu en soulever un, et le faire s’écraser contre le mur, ou le lancer par la fenêtre en le retenant au dernier moment. Ta seule peur était de ne pas réussir à rattraper son poids, toute faible comme tu l’étais.

▬ Alors le monstre, t’as mon sandwich ?

Ton visage ne frémit pas, pas un seul sentiment ne s’en échappa. Debout, tu attendis qu’il s’avance vers toi, ton petit genoux frissonnant d’impatience. Les dents serrées, tu inspiras un grand coup quand il fut en face de toi, et tu lui enfonças dans le ventre, le pliant en deux. Ta voix mélodieuse s’infiltra alors dans ses tympans, dans une menace prononcée si douce qu’on aurait pu croire que tu le rassurais.

▬ Recommence et je te jette contre le mur jusqu’à ce que j’entende chacun de tes os se briser.

Un frisson parcouru la carcasse de ta victime, que tu lâchas finalement pour te rassoir, et ainsi reprendre ton repas abandonné. Les élèves s’écartaient de toi, le petit corps plié et gémissant rampant jusqu’à rejoindre ses pseudos-amis. Tu étais amusée, froidement mais quand même. Passant ensuite une main dans tes cheveux déjà bien longs, tu fendis la poussière de foule qui s’était formée pour rentrer chez toi. Les cours étaient finis, tu allais pouvoir te détendre chez toi.


Ils avaient tous peur de toi, et tu en avais conscience. Tu n’avais pourtant rien fait pour mériter un tel traitement, simplement ils étaient effrayés à l’idée de subir la même chose que le quémandeur de sandwich. Toi qui espérais reprendre une vie à peu près normale, tu te rendis compte que la solitude te rattrapait. Chaque jour, repliée au fond des rangs, tu retenais tes sanglots, tu ignorais les regards inquisiteurs de ceux qui faisaient semblant d’être tes amis, par pure pitié.

Aucun soleil, juste une pluie torrentielle qui coulait de tes yeux à l’instant où tu passais la porte du domicile familial. Ton désespoir aurait pu causer ta perte, malgré les efforts probablement inutiles de ta maternelle. Elle qui tentait de te remonter le moral en montrant les endroits où vous pourriez partir en vacance … Mais tu n’avais aucune envie de t’amuser. Le seul désir qui animait tes yeux récemment devenus jaunes, c’était d’avoir, pour une fois, quelqu’un qui t’accepte, en faisant fi de l’ignoble marque dans ton dos.

Car tu pensais que la cause de ce rejet intégral des personnes de ta classe était bel et bien cette trace, soi-disant de naissance, qui s’étalait de chaque côté de ta colonne vertébrale. Ils l’avaient tous vu en gymnastique, quand, en faisant le poirier, ton t-shirt était tombé sur ta tête. Les cris et étouffements surpris t’avaient profondément blessée, et tu t’étais enfuie sans chercher à finir ton enchaînement.

Le personnel entier de l’établissement t’avait demandés d’où venait cette marque, et tu avais froidement répondu qu’il s’agissait d’une tâche de naissance étonnamment grande, et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter à propos de ça. Mais, au fond de toi, tu connaissais la réelle cause de tout ça, de cette brûlure qui t’arrachait la peau à chaque fois qu’on te regardait à cet endroit.

Un oncle alcoolique, voilà ce qui en résultait. Il était fou, il était tortionnaire. Vous deux étiez faibles, sans défenses. Jusqu’à ce que tu subisses les délires de ce malade, tu endurais en silence, et ta mère en faisait de même. Jusqu’à ce qu’il te marque avec un tison, tu gardas la bouche fermée, les yeux secs et les poings serrés. Mais il avait dépassé les bornes, il t’avait marqué à vie, il t’avait souillée d’un tatouage forcé.

Deux ailes brisées, deux blessures désormais indélébiles. Les voir te déchire en deux, les sentir te donne l’envie de pleurer, qu’on les remarque t’effraie. Jamais tu ne pourrais oublier la sensation de se faire brûler par un tison, jamais tu ne pourras en affronter un, ne serait-ce que du regard.

Cliché, qu’il avait dit. Le seul, l’unique qui t’appréciait réellement. Le seul, l’unique auquel tu avais dit la vérité. Le seul, l’unique à qui tu parlais vraiment. Et il avait juste dit que c’était cliché, l’oncle alcoolique et tortionnaire. Il avait répondu à tes souffrances par une blague. Ca t’avait profondément vexée, ça t’avait plongé dans un silence froid et sans faille.

▬ Hey Soul, tu boudes ?

Merde, vous aviez dix-huit ans, et il osait se moquer de toi ? Tu mourrais d’envie de t’enfuir en courant, comme en gymnastique. Mais tu ne bougeas pas d’un millimètre. Ton bras était enserré dans une poigne de fer : la sienne. Il soupira longuement et te pris par les épaules, te forçant à le regarder. Une pointe de sourire éclairait son regard, et bon Dieu qu’il était beau. Mais tu t’en fichais totalement, ça t’était égal. Tu ne flanchas pas, tu le fixas d’un air glacial. Jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche.

▬ Tu sais ce qui nous rapproche, tous les deux ? Notre Clé. Tu ne comprends pas, j’en suis sûr. Mais je n’ai pas réellement le temps de te le raconter. Alors fais tes valises, et rejoins-moi dans deux heures. Tu vas enfin vivre comme tu le souhaitais.

Impure, souillée, démoralisée, tu ne pouvais qu’obéir. Il profitait certainement de ta faiblesse émotionnelle. Tu fis demi-tour et t’engouffras dans ta maison, attrapant tout ce qui te tombait sous la main pour le fourrer dans une valise. Ta mère était absente, elle ne vivait presque plus ici. Rapide comme l’éclair, tu écrivis une lettre d’adieu, de toute façon, plus aucun sentimet de te liait à cette étrangère. Tu étais majeure.

Comme une tornade, tu te présentas devant lui, non pas deux heures plus tard, mais trois quarts d’heure.

Et ta vie changea de cours. Après la pluie le beau temps, qu’on dit. Pour toi, c’était plus une légère éclaircie, mais tu comptais bien la rendre éternelle. Alors tu arrivas sur cette île, en jouant avec du vent.

Parce qu’il t’avait tout expliqué, pendant le voyage. Parce qu’il t’avait tout montré, pendant le voyage. Et parce qu’il t’avait fait espéré, pendant le voyage.