♦ MATTHEWSON Phoenix ▬

Je m'appuie contre le meuble, les bras tendus et je relève la tête. La glace devant moi me prouve que je n'ai pas très bonne mine, pourtant, j'arrive quand même à garder ce côté … Je souris et regarde mes yeux. Des yeux vert émeraude, parsemés parfois de petites tâches de marron clair et ils sont en forme d'amandes, s'étirant un peu plus sur les pointes.
Une mèche de cheveux me tombe sur les yeux et je ramène ma main à mon visage pour la repousser derrière mon oreille. D'ailleurs, mes cheveux sont blancs. Teintures ? Non. Juste une dépigmentation des cheveux. C'est un phénomène assez rare à mon âge, mais possible. Ils sont assez longs pour un homme et m'arrivent un peu plus bas que les épaules, bien que j'en ramène souvent une partie en queue de cheval. Et, tout près d'eux, se trouvent mes oreilles, possédant des boucles d'oreilles dorées.

Mon tee-shirt est par terre. Je le fixe un long moment et commence à regarder plus attentivement. Je dois l'avouer, je suis quand même plutôt attirant, sans vouloir me vanter. Je suis de taille assez grande, environ le mètre quatre-vingt, enfin, un petit peu moins. Les traits délimitant mes muscles sont bien tracé, mais pas trop, juste assez pour faire baver les filles qui n'ont jamais vu d'homme de leur vie, et ma silhouette est fine. Et pour finir, mon teint est mate, presque doré.

Je baisse un peu plus mon regard pour fixer mon pantalon. Blanc. Généralement, je m'habille de cette façon, un pantalon assez large, style baggy, et un tee-shirt. Un tee-shirt court. Et dénudant. On peut apercevoir mon corps d'un peu partout avec eux, mes côtes et mes bras ne sont pas couverts, et, un col en v assez grand, montrant le haut de mon torse.

Regarde, contemple. Souris. Et enfin, touche. Il y les gens qui regardent leur rêves, qui espèrent. Et il y a ceux comme moi, ceux qui le suivent, qui s'accrochent à lui jusqu'à le tenir dans ses mains. Voila mon premier trait de caractère, volontaire. Je m'accroche à mes rêves, à mes buts,  mes convictions. Ils sont moi et je suis eux.

Lorsqu'on a le pouvoir d'attirer n'importe qui, pourquoi ne pas l'utiliser ? Profiteur ? Non, ce ne serait pas le mot. Ce serait plus un terme qui se rapproche de joueur, séducteur. Les deux même, joueur car je m'amuse de jouer avec les sentiments, les envies, les désirs. Et séducteur parce que ... Je suis joueur ? Assez compliqué à expliquer.

Impulsif bien qu'intelligent, sans vouloir me vanter, me correspondraient aussi. Je pourrais foncer tête baissée dans un troupeau de sangliers, très mauvaises idées, je vous l'accorde, mais ce n'est que moi. Et pourtant, je pourrais vous résoudre le pire des calculs et vous corriger un texte bourré de fautes.

Pour finir avec cette très courte description de moi, puisque je n'ai jamais aimé ça, je pense être ... Gentil ? Ou généreux ? Je ne sais pas. Mais je sais que j'ai horreur de voir des personnes dans la tristesse, dans la misère. Ça me rend fou. Et je dois tout faire pour les aider.

Laisse moi te raconter...

Je ne sais pas ce que je cherche dans la vie. Peut-être est-ce l'amour ? Ou bien l'amitié ? Je ne sais pas non. J'ai juste envie de pouvoir vivre avec le bonheur. Mais le bonheur, où est-il ? Où se trouve-t-il ? Le bonheur se cache.

Je suis encore là, à regarder le ciel, les yeux remplis de tristesse. Depuis toujours, je me demande qui je suis et pourquoi je suis comme ça. Pourquoi ça tombe sur moi ? J'ai l'impression d'être seul au monde. D'être la seule personne come ça. Pourtant ... Je sais que c'est faux. Je sais je ne le suis pas. On est jamais seul.
Je ferme les yeux et soupire. Voila. C'est à chaque fois la même chose. Je réfléchis trop et finalement, une certaine nostalgie envahit tout mon être, ainsi qu'une douleur. Une douleur qui ne s'effacera jamais. Mais, pour expliquer tout ça, il faudrait que je vous raconte mon histoire ?

•••

" - Maman, pourquoi tous les gens ils me fixent ?
- Ce n'est rien, oublie, rentrons vite à la maison. "

Maman a toujours été belle, même en vieillissant, ses cheveux qui blanchissaient lui donnaient un air sérieux. Elle avait de grands yeux verts, les mêmes que les miens. Elle était d'assez grande taille pour une femme et beaucoup de gens la désiraient, mais elle n'avait accepté qu'un homme dans sa vie. Celui qui était mon père. Lui, avait des yeux bleu clair et était un tout petit peu plus petit que ma mère. Il était un peu enrobé et n'était pas très attirant. Je n'ai jamais compris pourquoi ils étaient ensemble, Maman ne lui montrait jamais aucun signe d'amour, ou même d'affection, et lorsqu'elle le regardait, c'était de la pure haine dans son regard.

C'est dans cette ambiance que mon enfance dura. J'étais un bon élève, avais de bonnes notes à l'école bien que je faisais parti des enfants qui riaient tout le temps et qui faisaient des bêtises. Je ne cherchais pas à être entouré, préférant même parfois le silence. Mais, sans savoir pourquoi, les autres, garçons et filles, venaient vers moi et essayaient de me parler, comme si je les intéressais.

•••

J'étais en train de souffler mes bougies. Ce jour-là, je faisais mes dix-sept ans. Papa n'était pas rentré à la maison. Il était parti en voyage d'affaires, m'avait dit Maman. Et j'en étais bien content. Je ne l'aimais pas. Depuis quelques temps, il me fixait d'une étrange façon. Comme si ... Comme s'il me désirait. Et j'avais peur. Maman, par contre, je l'adorais, je pouvais tout lui dire, je l'aimais à un point inimaginable.

Et ce fut au moment où je pris le cadeau de Maman, que la maison raisonna. Quelqu'un venait de sonner. Elle parti ouvrir et lorsqu'elle revint, elle m'annonça qu'elle devait partir, rapidement. C'était assez urgent. Un homme avait cassé une vitre et s'était coupé un peu partout. Je souris et lui dit qu'elle pouvait y aller, que ce n'était pas important. Elle s'excusa en bafouillant et parti. Ce fut ma plus grande erreur.

•••

" - Aah ... Maman ... S'il te plaît ... "

Et ce fut en pleurant que je sombrai dans l'inconscience, mon esprit repassant en boucle ces dernières heures. Papa était rentré une heure après que Maman soit partie. Et il avait décidé de me punir. De quoi ? De rien. Non, je n'avais rien fait de mal. Mais pour lui, j'avais suscité le désir dans son corps, et c'était ma faute. Ma faute si j'avais fait ça. Alors il avait assouvi cette envie. Il m'avait fait mal, avait fait ça avec violence, comme s'il avait peur que quelqu'un le découvre. Je n'avais pas eu assez de force pour me libérer, ayant un corps assez fin et fragile, même si j'étais plustôt grand. Et j'étais brisé, sale. J'étais souillé.

•••

Lorsque je me réveillai, Maman était là, à mon chevet et me tenait la main, tremblant de rage et de regret. Elle répétait toujours les mêmes paroles : Si j'avais été là. Une larme coula le long de ma joue et elle releva la tête pour me prendre dans ses bras.

" - Phoenix, je dois te dire quelque chose. Tu sais, des fois, dans la vie, il y a des personnes différentes. Des personnes uniques. Et tu fais parti de ces personnes. Tu es unique. Tu as un pouvoir en toi, un pouvoir comme moi j'ai eu. Et j'ai appris à le contrôler. Et il faut que toi aussi tu apprennes à le maîtriser, sans quoi ... Sans quoi ce qui ... Ce qui s'est passé se reproduira. "

J'avais compris. J'avais compris ce qu'était ce " Pouvoir " en moi. Et il me faisait peur. Elle avait réussi à attirer quelques minutes mon esprit loin de ces pensées sur les faits passés. Mais ils revinrent, plus forts encore et les larmes coulèrent de nouveau sur mes joues.

" - Maman, je veux pas partir loin de toi ... "

•••

Et nous nous retrouvons là. Aujourd'hui, j'y vais. Je me suis décidé, un an après, c'est beaucoup, n'est-ce pas ? Mais lorsqu'on ne veut pas partir loin de sa mère ... Finalement, elle a énormément insisté. Et j'ai fini par cédé.

•••

Je me lève, soupire, j'ai depuis maintenant six mois, réussi à surmonter cet évènement, je l'ai presque effacé de ma mémoire. Je vois devant moi le bateau qui mène à la fameuse île. J'avance en marchant lentement, prenant mes valises et je monte.